jeudi 11 octobre 2012

éMOOCion

Ayé. J'ai mis le pied dans le Mooc... Pourvu que ça porte bonheur ! Il y a quelques mois, Jean-Marie Gilliot et Christine Vaufrey avaient lancé l'idée : organiser le 1er Massive Online Open Course français. Et puis à la rentrée, alors que le Master Architecture de l'Information a pris son rythme de croisière, v'la t'y pas que je dois analyser un système d'apprentissage en ligne pour l'une des UE. La veille, le Mooc Itypa (Internet, Tout Y Est Pour Apprendre) a été lancé, et mes camarades (je vous en ai déjà parlé : les jeunes, beaux, dynamiques, intelligents étudiants du master #archinfo) ont décidé de pallier les insuffisances de notre Moodle en organisant un environnement d'apprentissage expérimental utilisant Google, et voilà, j'ai plongé, je me suis inscrite au MOOC. C'est pas comme si j'avais pas le temps.
Mais je n'y suis pas allée seule : avec moi, les géniaux (je pèse mes mots) Quentin et Ghita, ont envie de découvrir à la fois le sujet (c'est vrai ça : comment peut-on organiser son propre environnement d'apprentissage en ligne ?) et de découvrir ce qu'est un  MOOC : comment ça marche ? Comment on y apprend ?
Ce soir, en bons retardataires, c'est notre premier direct. Je suis au loin, dans un Starbuck pour trouver la connexion qui me donnera accès à la visioconférence, Quentin est à Lyon, et avec (combien ?) des tas d'autres ça discute pratiques numériques pour apprendre.
Une fois la visio terminée, je prends la perche tendue au vol : Sur Youtube, j'enregistre ma vidéo de présentation. C'est inaudible (merci les gens de faire chut quand j'enregistre, et non madame, on ne fait pas fonctionner le percolateur quand ma caméra tourne !) et ça coupe avant la fin (Youtube ma censurée !). Mais je trouve ça génial de montrer qu'on peut apprendre dans un café, qu'on peut participer depuis un café bref, que nous vivons une époque moderne (oui oui c'est une citation de Philippe Meyer).

Mes petits camarades et moi-même publierons un blog spécial pour raconter nos aventures. Ça pourrait s'appeler : "On se MOOC de nous" ! ;-)))

* Y'a quelque

lundi 1 octobre 2012

Leçon de morale


Je vais vous raconter ma journée. Pas parce qu’elle est passionnante, non, mais parce que perdre son temps ça aide aussi à comprendre le monde.

De l’intérêt d’être gentil avec les gens


Aujourd’hui lundi, c’est ma journée Institut Français de l’éducation + master Architecture de l’Information. Tout ça se passe à Lyon, dans les divers sites de l’ENS à Gerland. Depuis ma campagne beaujolaise, je prends donc le TER, et ça se passe plutôt bien en général*. Mais pas ce matin.
Parce que ce matin à 7h20 le TER était déjà là, déjà bondé, rapport aux deux trains précédents qui avaient été supprimés par surprise pour causes matérielles. N’empêche que le train est parti à l’heure, 7h29 pile, est passé à l’heure aux deux gares suivantes jusqu’à ce que ….
Jusqu’à ce qu’un voyageur insulte le conducteur du TER. Il était sûrement énervé, en retard au travail,  et il a confondu son sauveur (le conducteur du train qui avait fait rouler celui-là malgré les ordres de rester au dépôt, béni soit-il) avec son tortionnaire, bien à l’abri dans son bureau.
Ben il a tout perdu : le conducteur s’est vexé, a croisé les bras et refusé de repartir. Nous sommes restés à l’arrêt jusqu’à ce que le conducteur du train suivant vienne raccrocher ses wagons et prendre les commandes. Merci voyageur énervé, on a tout perdu avec toi.  

Moralité : 

1- Un conducteur de TER est un être humain sensible. 

Lui c'est Bruno, conducteur TER en Poitou-Charente (source www.maligne-ter.com/)

2- Même quand tu es énervé, sois gentil avec les gens sinon ça te retombe sur le nez. Et même rigole avec les gens, tu vivras plus vieux après avoir pris du bon temps.

Je vous passe l'épisode suivant, celui de l’arrêt total de la ligne D du métro lyonnais, le voyageur qui a fait un malaise n’a certainement pas eu le temps d’être désagréable avec quiconque.

De la nécessité d’être connecté dans un cours en ligne qui insiste sur la collaboration

Cet après midi, je retrouvais mes (super) collègues étudiants du master architecture de l’information. Il faut que vous imaginiez une douzaine d’étudiants jeunes, beaux, dynamiques et bosseurs, enthousiastes et tout sauf individualistes**. Et un super master basé sur la pédagogie de projet et le travail collaboratif, le tout en partie à distance.

Allez, un cadeau à qui me reconnaît sur la photo !
 Nous avons donc une salle propre (bientôt magnifique) sur le site Descarte de l’ENS de Lyon, avec un wifi… comment dire ? Si je vous dis famélique, vous avez une vague idée. Et des prises  ethernet toutes neuves que les équipes techniques tardent à brasser. Sans connexion, pas d’accès à nos superbes documents collaboratifs pour organiser la suite du travail de mise en ligne de notre superbe reportage collectif sur le e-learning, avec des interview en vidéo et tout et tout, à voir très bientôt sur le blog http://archinfo14.hypotheses.org. D’ailleurs ce serait gentil d’aller voir d’ici dimanche prochain et de laisser vos comm’, notre évaluation en dépend. Merci d’avance.
Qu’à cela ne tienne,  nous voilà partis explorer les 3 sites de l’ENS de Lyon séparés tout au plus d’un seul petit kilomètre, heurtant au passage des obstacles administratifs tout à fait fascinants. Personnellement j’ai (lâchement) renoncé au bout d’une heure. Mais mes camarades ont continué leur quête, avides de pouvoir enfin s’organiser pour rendre un travail collectif, fouillé, propre, beau, wouaouw. Je n’en  connais pas beaucoup des comment ça. 

Moralité

Si on veut faire travailler ses élèves / étudiants*** en groupes et en utilisant les outils et ressources numériques, il vaut mieux s’assurer qu’ils aient à disposition les moyens de travailler sans galère. Parce qu’il n’y a rien de plus énervant et démobilisant que d’avoir un projet passionnant à mener à bien avec des gens formidables, et de voir son élan brisé par les problèmes techniques et les conneries administratives. Pour nous, adultes mobiles et autonomes c’est pas grave, on va y arriver. Mais je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour nos élèves en TPE qui se retrouvent face à une salle info bondée, une connexion pourrie et un CDI aux ressources insuffisantes. Ils ont le droit de trouver que l’éduc’ nat abuse grave. Garder des élèves (et des étudiants) motivés, ça se mérite, ça se travaille. Alors les collectivités, équipez vite les établissements de davantage de postes-élèves parce que nos élèves vont venir avec leur matériel, ses virus, vos failles de sécurité. Et vous, les techniciens de l’ENS, branchez-nous vite nos prises ethernet parce que là, on se fatigue. 

Bon allez, je rentre. P… de journée.

* sauf quand y’a le gars qui sent mauvais. Vous savez, mes twitterfriends : celui qui a des polos Lacoste et qui lit La Vie ?
** heureusement que je suis moi aussi dans cette promo autrement on se croirait dans un roman de Vernon Sullivan.
*** Je ne dis pas « apprenants » parce que mon copain Jacques n’aime pas ça. Et moi j’aime bien mon copain Jacques.

mardi 18 septembre 2012

De la liberté d'esprit de la jeunesse...

Cette année je vis une expérience du troisième type* : j'ai une classe de terminale par demi-groupe une heure tous les quinze jours, pour "enseigner" une matière qui n'est pas évaluée au bac, et pour laquelle je n'ai pas eu de formation (vu que j'ai toujours refusé de faire le stage "éducation à la défense" organisé par ... l'armée, moi qui rêve de parler aussi défense passive et résistance pacifique). Un cours d'ECJS.

Ce groupe aujourd'hui avait l'air assez peu motivé pour me suivre en ECJS dans la salle 122. Faut dire, des jeunes de 17 ou 18 ans qui passent le bac à la fin de l'année, qui n'ont pas trop de problème de survie (je vis dans le monde de Oui Oui, statistiques sociales au plus haut), on leur demande de passer une heure dans une salle minuscule pour parler de :
- thème 1 : la bioéthique
- thème 2 : Pluralisme des croyances et des cultures dans une république laïque
- thème 3 : Argent et société
- thème 4 : Violence et société.

Personnellement, discuter sur ces questions de société me plairait assez, mais eux, je lisais sur leur visage l'ennui profond avant même d'avoir annoncé le menu.

L'un d'entre eux, nonchalant et encapuché (ça fait style chuis décontracté, ça met l'ambiance) tente sans même y croire : "Allez, on a qu'à faire cours dehors !".

Hé hé

C'est à moi qu'il parle.

Alors on a fait cours dehors. Sur les poufs de l'arbre à pouf (un truc du 1% culturel qui s'avère utile, au moins, j'ai pas eu les fesses mouillées. Mais je ne peux pas mettre de photo, propriété intellectuelle oblige), sur la pelouse. En bonne fonctionnaire, j'ai présenté le cadre impératif (l'horaire, la présence, le programme) et aussi (en bonne pédago) les espaces de liberté qu'on pouvait s'y créer. La nécessité de trouver dans ce cours un intérêt pour ne pas s'ennuyer : le sujet, la forme, du débat au film en passant par la webradio...

Et puis j'ai posé la question qui tue :  

"Et vous, parmi les questions de société, qu'est-ce qui vous intéresse ?" 

  Argh. Regards vides**

Ben oui quoi, à 18 ans on trouve le monde parfait et on a envie de se jeter dedans ! Devant mon air mi-interloqué, mi-désespéré (là, j'exagère : c'est tous les ans pareil, mais je ne m'habitue pas quand même), l'un d'entre eux dit : "Ouais, on est formatés par la société. On a pas le choix".



Alors je me suis énervée (gentiment, hein, avec le sourire). Emballée.
 On était quand même en cours.
 L'année du bac.
 Sous la responsabilité d'une fonctionnaire, de 13 ans d'ancienneté, 39 ans, mère de famille de surcroît.
Sur la pelouse.
 Sous la pluie.

Alors j'ai interdit à chacun d'entre eux de se laisser formater - sauf à celui qui trouverait éventuellement que c'est un but dans la vie. Vive la liberté.

"Les jeunes, que j'ai dit, OK vous avez des cadres. OK vous avez des obligations, des contraintes. Et alors ? Vous allez laisser les autres vous dicter ces contraintes sans essayer de les négocier, les discuter, les construire ?" (Je n'ai pas dit 'les renverser'. C'est mon côté réformiste). "

 Et là, d'un coup, ils ont parlé. Choisi un sujet. La violence de l'école. "Mais on n'écoute jamais les élèves" a regretté l'un d'eux. Sauf que non. Je m'y engage. Les gars et la fille (oui, une seule fille dans ce groupe, mais ça n'a rien à voir avec le reste), je vous promets que si vous exprimez vos critiques et vos propositions sur le système scolaire qui vous a porté jusqu'en terminale, elles seront entendues. Sur le site de la Refondation pour commencer, et sur les réseaux sociaux. Sur les blogs. Dans les Cahiers Péda. Sur le site d'e.l@b. Celui des Nouveaux Etudiants. Dans les fils twitter des mes collègues, de nos amis du minstère. Parce que, chers élèves de Terminale, vous êtes compétents pour parler du système scolaire, ça rentre dans le cadre du programme d'ECJS (La violence et les jeunes), dans l'horaire imparti, et ça peut être utile.



Tiens, je suis fière de vous. Vous avez libéré votre esprit. Reste plus qu'à le faire voguer !

 * 1er type : j'ai une classe 5 heures par semaine pour faire de l'histoire, de la géo, de l'Education Civique Juridique et Sociale (ECJS) et de l'Accompagnement Personnalisé (AP); 2ème type j'ai des élèves issus de plusieurs classes 2 heures par semaine pour faire de l'histoire et de la géo.
 ** A part les deux élèves aux yeux brillants de l'envie de changer le monde. Qu'ils soient (laïquement) bénis.

mardi 4 septembre 2012

Ma rentrée des classes... où l'on parle encore de plaisir

A Ludovia, on se disait : "Oui c'est sympa tout ça, le plaisir, l'innovation pédagogique, tout ça mais on est entre nous là. Ça va être dur de revenir dans la vraie vie." 

Erreur. Égocentrisme. Prétention.

Parce que ma vraie vie à moi c'est mon lycée, et que mon retour dans la vraie vie a été un vrai bol d'air. Deux bouteilles d'oxygène ouvertes avec précaution certes, mais ouvertes quand même par mon proviseur et son adjoint (sont pas trop réseaux sociaux et blogs à ma connaissance, je peux raconter sans avoir l'air de fayoter. Et sinon tant pis, zavaient qu'à pas ouvrir la bouteille d'oxygène).

La première bouteille c'est le discours du proviseur aux enseignants en AG lundi. Morceaux choisis : "Ce qui doit compter pour nous maintenant, c'est de nous concentrer sur les 5% d'élèves qui n'ont pas eu le bac, et sur tous les élèves qui n'ont pu avoir l'orientation de leur choix en fin de seconde." Bon début je trouve, d'autant qu'il n'oublie pas les autres, ceux qui n'ont pas de difficulté et qu'il faut amener à l'excellence. OK. Mais la suite vaut son pesant de cacahuètes et je n'avais pas entendu ça depuis... depuis jamais en fait. C'est sûrement que c'est ma treizième rentrée et que treize, c'est pas la Française des Jeux qui va me contredire, c'est un chiffre qui rapporte. "Ce qui compte, dit-il (je reformule parce que je n'ai pas enregistré, j'étais trop émue), c'est d'amener les élèves à l'autonomie intellectuelle, à une autonomie de la pensée qui leur permet de prendre du recul sur ce qui est enseigné, sur la façon dont ils apprennent."
Vous avez bien entendu lu. Il n'a pas dit : "Vous allez tous les mettre au travail et s'ils ne bossent pas, paf une sanction" (enfin il a quand même dit qu'il fallait leur donner le goût de bosser mais c'est pas tout à fait pareil quand même), il a dit : "Vous allez leur donner les moyens de penser par eux même, de prendre du recul sur leurs apprentissage, de développer un esprit critique qui s'applique aussi à ce que vous leur enseignez." (Je mets des guillemets de pure forme c'est toujours de la reformulation).
J'en étais bouche bée. Mais toute ouïe.


Il a ouvert sa deuxième bouteille d'oxygène brut ce matin à 9 heures, en présence de 3 des 9 classes de 2nde du lycée. La mienne, ça tombe bien. Et sa première phrase a été pour évoquer le plaisir d'apprendre. Oui oui, je vous promets ! Pas "Attention maintenant vous êtes au lycée ça rigole plus" ni "Maintenant vous allez bosser ou on vous botte le train" ni "L'apprentissage c'est comme un wagonnet sur des rails et nous on s'arrange pour que vous restiez sur des rails" (non mais ce qu'il faut pas entendre des fois). Le PLAISIR D'APPRENDRE. Il a développé bien sûr : le plaisir se trouve dans l'exigence intellectuelle qu'on s'impose à soi-même pour apprendre à réfléchir, et notamment réfléchir à ce qu'on fait, à ce qu'on apprend, à la façon dont on l'apprend. La façon dont on apprend de ses erreurs et de ses échecs, qui ne sont qu'un premier pas vers d'autres réussites. Il a dit aussi que chacun devait faire en fonction de ses possibilités, tout en apprenant à se dépasser aussi.
Je ne vous cache pas qu'il y a quand même eu un laïus sur les interdits (tenue correcte, comportement, téléphone portable). Le téléphone portable est d'ailleurs interdit dans les zones couvertes, hein, sous peine de confiscation, parents tout ça. Sauf ...

(ouvrez bien vos oreilles parce que là, c'est du lourd)

"Sauf donc si le professeur autorise de sortir les téléphones, les smartphones, pour un usage pédagogique, alors là c'est différent."

Bon alors là, chef, je vous aime. Vous parlez d'autonomie, d'esprit critique y compris appliqué à l'école, de liberté pédagogique des enseignants, de plaisir, rhâ n'en jetez plus j'ai un orgasme pédagogique (c'est pas sexuel chef, c'est purement professionnel).

L'adjoint a conclu. C'était difficile pour lui : imaginez après un tel discours, prononcé par un ancien prof de philo (pas mal de sa personne qui plus est, j'espère vraiment qu'il ne lit pas mon blog sinon je meurs), fallait quand même assurer.
Il l'a fait. Il a conclu que "le lycée n'étant pas un lieu de concours et de compétition, on pouvait s'entraider entre élèves, et que l'un des objectif du projet d'établissement était de développer la solidarité dans l'apprentissage".

Là ça y est, pour moi c'était l'euphorie, l'ivresse. Un discours qui commence par le plaisir d'apprendre et se termine par la solidarité, c'est juste un truc que je pensais impossible à moins de répandre un psychotrope dans l'air pur du beaujolais. Et pourtant ça se passait hier et aujourd'hui, dans mon lycée.

Ludovia, t'as fait quoi à mes chefs ?

samedi 1 septembre 2012

Eloge du bavardage

Ce billet répond (partiellement) à celui de Bruno Devauchelle intitulé "Rien à Dire ? Et pourtant...". Un billet qui m'interpelle, moi, reine des bavardes sur Twitter et ailleurs. 
Je suis une personne bavarde quand j'ai quelque chose à dire, mais je préfère le silence aux propos vains. Et pourtant le matin, il arrive que dans le silence de la maison endormie, je tweete un "Bonjour Twitterworld" comme @ticeman01 fait son RRRRRHHHHHHAAAAAAAA. Puis je remonte la TL (Timeline : la liste de tous les tweets postés par les gens auxquels je suis abonnée) et je retweete certains liens. Un coup d'oeil sur Facebook et tiens, un article intéressant ! Je commente et je partage. Entretemps @fmoreda a répondu à mon bonjour et signalé qu'aujourd'hui c'est préparation de (madeleines, chouquettes ou autre délice culinaire). S'ensuit un échange de recette avec @ymarvin27 qui se réveille, éventuellement de modèles de tricot avec @milasaintanne qui fait une insomnie matinale. Du bavardage. Mais je n'ai pas le temps de tricoter, leur dis-je, aujourd'hui c'est préparation de cours de 2nde sur xxx (y'a le choix, vous avez vu le programme ?). Mais ça tombe bien me dit @milasaintanne, j'ai lu un article là-dessus il est en ligne ici / il est pas en ligne je te le scanne. Et puis @lannoy29 qui a fini de nourrir sa tribu m'interpelle : ça l'intéresse, justement il était en train de préparer un truc là-dessus il m'envoie. On se retrouve sur Skype plus tard ? Et voilà une séance géniale qui se prépare, avec les documents magnifiques de Ghislain (oui c'est lui @Lannoy29) fan d'Apple, Itunes et autres trucs à la pomme, il sait en extraire le meilleur. Je ludifie, c'est mon truc, et on se partage le boulot. Les élèves vont adorer. Je tweete "J'adore travailler avec @lannoy29" et puis je coupe tout pour une balade réparatrice. Balade au cours de laquelle je trouve une cache que je logue avec l'appli Geocaching de mon téléphone, qui envoie l'info sur Twitter : "J'ai trouvé la cache du Puits du Suc #geocaching". "C'est quoi le geocaching ?" demande @freddav. En quelques tweets et un lien (une fois rentrée : je déteste tweeter quand je me balade sauf pour dire "devine où je suis" avec une photo-devinette qui permet de faire jouer mes camarades) j'explique le jeu et @latineloquere m'interpelle : "hé mais ça me donne des idées pour un projet au collège ! On s'en parle ?". Je rentre et dans ma boîte j'ai une carte postale (en esperanto) de @karinesperanto qui viendra bientôt me voir. Au goûter, la confiture de @vpaillas avec laquelle l'an dernier j'ai discuté de son projet de chronologie multimedia collaborative créative et numérique (elle savait, par un tweet désespéré de type "pffff je trouve pas de bon outil de chronologie en ligne", que je m'intéressais à la chose). Et puis je tricote une écharpe pour @2vanssay, écharpe rouge car je sais (par ses photos) que c'est une couleur qu'elle affectionne.

Alors, Bruno et quelques autres (y compris des amis très chers, hein @franz42 !), je comprends qu'il soit difficile de supporter nos bavardages, mais comprenez qu'ils ne sont pas vains. Ils construisent entre nous un lien assez fort, une connaissance de l'autre qui ressemble assez à un tableau impressionniste en ce qu'il dessine de l'autre un visage à petites touches de couleurs, mais un visage finalement assez précis qui contient à la fois le caractère, les centres d'intérêt, les compétences, la localisation, l'environnement... Se donner à voir, oui, afin que l'autre se découvre également. Ainsi, je sais précisément qui a besoin de quoi, qui est intéressé, qui peut m'aider, me conseiller, qui aura le regard suffisamment critique, et je n'hésite pas à les solliciter. Ces bavardages me font penser à ces cultures africaines dans lesquelles il est impensable de demander quelque chose à quelqu'un sans passer un très long moment à parler du temps, de la famille (le cousin xxx est parti s'installer à Bamako, avec sa femme et ses enfants), des amis (le frère de xxx a eu un poste dans l'administration), de la famille encore (et xxx a eu son troisième enfant). Cela permet de renforcer les liens sociaux, d'informer et de s'informer, information qui prendra tout son sens lorsque l'un des interlocuteurs aura besoin d'une famille d'accueil à Bamako pour que son fils puisse aller au lycée. Pour un européen, habitué à l'efficacité immédiate, c'est assez pénible. Et je comprends que nos bavardages soient difficiles à supporter. Mais il y a une possibilité sur les réseaux sociaux que bien des africains rêveraient de pouvoir exercer dans leur quotidien : celui de pouvoir "unfollow" sur Twitter ou de pouvoir supprimer de ses actualités Facebook les gens bavards. Bruno Devauchelle, je vous admire, je suis souvent convaincue par vos arguments et j'ai peu échangé avec vous sur les réseaux sociaux (vous êtes trop froid pour moi ça m'intimide). Et si mes "bonjour Twitterworld vous fatiguent, si mes "J'ai fait de la confiture de mûres" vous agacent, si mes "Devine d'où je te tweete" vous encombrent, unfollowez-moi je ne serai pas du tout vexée. Mais je ne renoncerai pas à mes bavardages. C'est autant de temps de gagné.

PS : Je n'ai pas parlé du live tweet que je pratique parfois. J'avoue que l'exercice est difficile, trop pour moi souvent. Mais j'adore prendre des notes (collaboratives, sur google docs ou etherpad) et voir un tweet me donner une idée ou une citation que j'ai loupée, ajouter un lien vers le site évoqué par le conférencier ou contredire ce dernier avec un argument bien senti. Je me sens au contraire bien plus présente à la conférence. Le soir, un petit Storify permet d'agréger mes notes et leurs Tweets en un compte-rendu de conférences à plusieurs mains, commenté, enrichi, qui se rapprochera davantage du travail de fond que du journalisme. En revanche je déteste quand je suis au café, au restau ou ailleurs avec quelqu'un et qu'il tweete ou me parle de ce qui se passe sur Twitter. Je me dis que l'autre est ailleurs, ça oui. J'essaie de le lui dire gentiment et de proposer une conversation plus intéressante que les bavardages de nos amis Twitter.

mercredi 29 août 2012

L'ENT, nouveau sextoy des apprentissages ?

AVERTISSEMENT : Pour les âmes sensibles, la version "soft" de ce billet est en ligne sur le site de Ludovia. Ecrite avec Stéphanie De Vanssay qui n'est absolument pas responsable de ce qui suit sur ce blog-ci.

Un sextoy est un "objet destiné à augmenter le plaisir"*. Or la problématique de cette table-ronde par ailleurs intitulée Environnement Numérique de Travail, de l’appréhension technologique au plaisir d’une pédagogie renouvelée ne laisse aucun doute sur la pertinence de la comparaison : quels outils proposés par l’ENT [...] peuvent participer du plaisir d’enseigner et d’apprendre ?". Mais oui mais oui, l'ENT est un ensemble de services et d'outils proposés aux acteurs de l'école et on se demande si ça peut augmenter leur plaisir. Je reformule donc :

L'ENT, nouveau sextoy des apprentissages ?


Du coup j'étais assez motivée pour écouter les 9 intervenants (Vous pensez peut-être que 9 c'est trop, mais plus un polygone régulier convexe a de sommets, et donc de côtés, plus il tend vers le cercle, et donc vers la table-ronde) dont André Tricot que j'adore. Mais bon on a commencé par Anne-Marie Gros (elle est très bien aussi, ne vous méprenez pas). Forte d'une enquête sur les usages de l'ENT Midi-Pyrénées, elle met tout de suite un petit coup d'eau froide sur mon excitation : les usages, il y en a, mais ça commence doucement et surtout par des trucs très, très, mais alors très loin de l'innovation pédagogique : le service des absences et la gestion des notes. Ceci dit, je sens la douce chaleur de mon enthousiasme pédagogique remonter en flèche lorsque j'entends parler d'usages enrichis du cahier de texte, et plus encore du suivi personnalisé des élèves grâce à un outil de rendu de copies numérique. Ayé, j'ai trouvé un jouet (pédagogique).
Un jouet qu'on peut utiliser à plusieurs, c'est encore mieux ! Il semblerait en effet que l'ENT favorise la collaboration (quel doux mot) et les échanges (mmmhhhh .... Arrête arrête !) entre les élèves / apprenants, entre élèves / apprenants, enseignants et parents.

La deuxième partie de cette table-ronde fait monter un peu l'ambiance : "Peut-on prendre du plaisir dans un espace contraint comme l'ENT". Ah, j'ai ma petite idée sur la question.


Oui donc, c'est possible. Il faut seulement rassurer l'utilisateur avec quelques règles, un cadre familier, un cahier des charges contraint mais négocié. Le plaisir peut être augmenté par des projets particuliers dans un esprit résolument collaboratif, utilisant des outils choisis et adaptés.

La troisième partie posait enfin la question des rapports entre les usagers et leur nouveau jouet. Plutôt que de parler de plaisir, les intervenants ont plutôt parlé de satisfaction des besoins ce qui me semble limiter un peu l'espace des possibles. Passons. Satisfaits donc, les utilisateurs, sauf qu'ils aimeraient que l'ENT soit taillé sur mesure, et s'adapte à leurs besoins et désirs individuels. Ce qui donnerait à peu près ...**





Qu'est-ce qui génère donc tant de satisfaction ? De nouvelles possibilités induites par les nouveaux jouets, des ressources variées et multimedia qui touchent les différents sens, et l'échange toujours. Mais l'un des intervenants ajoute à juste titre que le choix de la posture (pédagogique, toujours, hein, vous ne vous laissez pas déconcentrer !) est primordial : rien ne sert de rester sur la mémorisation, il vaut mieux, pour aboutir au climax, adopter une posture qui permette d'explorer pour structurer (la connaissance bien sûr). Scenariser, donc. Je l'ai toujours dit. Un bon scenario et hop ! On atteint le nirvana (de l'apprentissage).

En conclusion il s’agit de découvrir comment trouver son plaisir dans la contrainte. Masochisme ou réalisme ? Renoncement ou complaisance dans la plainte de ce qu’on ne peut obtenir ? A  chacun de trouver une troisième voie où le plaisir n’attend pas la “situation idéale” tant espérée mais s’épanouit malgré ou au delà de l’outil qui pourrait aussi, soyons fous, être autre chose qu’un ENT…***

*OK il s'agit de plaisir sexuel mais j'ai toujours été de mauvaise foi.  
** C'est pas moi sur la photo. Désolée. Mais j'ai son numéro.
*** C'est la vraie conclusion du vrai article mais là, dans ce contexte, je trouve qu'il prend une autre dimension. Vous pouvez lire le vrai article maintenant !


lundi 27 août 2012

Plongée dans le plaisir ... de Ludovia

Ayé Ludovia ça a commencé... Et ça me fait tout drôle parce que ce matin j'étais là :


et là tout de suite je suis là  :

Et je dois comprendre la quintessence de ce que disent Serge Soudoplatoff (un monsieur qui a fait des tas de trucs liés au numérique et à internet depuis très longtemps même si j'étais déjà née), Serge Tisseron (psychologue mais y'en a des bien) et mon ami Clément Martin qui n'était pas présenté sur son étiquette mais qui est un des super animateurs du groupe les Nouveaux Etudiants.
Disons que ce matin mes pieds étaient à 2000 m et ma tête au ras des cailloux, et que maintenant il faut que j'inverse.
Alors j'ai retenu :
  • pour augmenter le plaisir des auditeurs de la conférence, l'usage des images ou de comparaisons comiques (le prof dinosaure, l'innovation c'est comme le sexe, tout ça tout ça) est très efficace mais le temps de rigoler et hop on a perdu le fil. Se limiter à trois trucs comiques par heure de cours sinon c'est mort. 
  •  pour améliorer l'écoute d'une salle, quelques images (visuelles celles-là) marrantes et une voix douce et calme. Et être beau ça aide. Note pour la rentrée : me faire payer une chirurgie esthétique et vocale.
  • Parler plaisir c'est pas très facile. Ça a l'air plus facile de parler de processus d'apprentissage.  Je vais voir si ça marche mieux devant un verre, dehors, au barcamp*
* Cette année, l'équipe de Ludovia a décidé de revenir au sens étymologique de Barcamp : camper au bar pour finir la discussion commencée en table-ronde. 



jeudi 5 juillet 2012

Indignons-nous... à propos de la Hongrie


Vous vous souvenez bien sûr de Stéphane Hessel s'adressant (notamment) aux jeunes :

C'est ce que j'ai demandé à mes élèves de terminales : trouvez un sujet d'indignation et exprimez-le en vidéo.
Voilà ce qu'a donné l'un des groupes. Mettez le son, ça glace les os !



mardi 8 mai 2012

Mon colloque au Canada


Des écureuils, j'en ai vu le matin pendant les footings sur le mont Royal, mais assez peu dans les couloirs de l'hôtel qui accueillait le colloque international sur les Tic en éducation (et qui ressemblait d'assez loin à une cabane de toutes façons).
Je vous dis tout de suite ce que j'ai adoré dans ces deux jours et ensuite, je fais ma française (je râle, un peu).
Annie et Jean-Yves (ils sont beaux hein !)
J'ai adoré +++ l'atelier d'Annie Coté (Vous la connaissez ? C'est @Annierikiki) qui, accompagnée de Jean-Yves Fréchette dans un duo admirable, a présenté ses activités de Twittérature. Annie enseigne le français en 5ème secondaire (ses élèves ressemblent à nos lycéens) et une partie de ses activités se font à l'aide de Twitter : rédiger une petite annonce, un horoscope ou une définition en 140 caractères pour les amener à écrire, soigner la syntaxe et l'orthographe dans l'esprit de Twittérature expliqué par le pétillant Jean-Yves Fréchette, co-créateur de l'Institut de Twittérature Comparée : de la littérature en 140 caractères, une réinvention de l'écriture minimaliste mais qui en dit tant... En quelques exemples l'essentiel était dit : 140 caractères, c'est déjà beaucoup, c'est déjà beau, parce que de la contrainte naît parfois l’œuvre. Mais 140 caractères, ça n'est pas tout et Annie et Jean-Yves ont présenté l'outil (inspiré par Twitter, ses cases et ses caractères) pour rédiger au-delà. Twittexte est L'outil pour lequel je me reconvertirais bien en prof de français dans une école québécoise (oui, bon, sinon il y a aussi le beurre d'érable mais c'est pas un outil). Une histoire de cases limitées en nombre de caractères, auxquelles on attribue une fonction (introduction, liaison etc... ça dépend un peu des exercices travaillés), dans lesquelles les élèves écrivent, puis qui se lient entre elles pour créer le texte. Un espace où l'on peut collaborer, échanger, peaufiner avant de communiquer son texte vers le world wide web. Wouaouw.
Je dois dire que j'ai loupé l'atelier de ma copine Nathalie Couzon (@Nathcouz) mais j'ai papoté avec elle et j'adore aussi sa vision des choses, ouverte, créative, partageuse... J'aurais bien mis ici son prezi mais le lien ne fonctionne pas ce soir.  Il s'appelle : "et si 140 caractères c'était assez ?" mais évoque lui-aussi l'idée que Twitter donne envie de les dépasser. De la contrainte naît l'envie.

Ces petites veinardes avaient une heure pour présenter leur remarquable travail. Trois heures auraient été insuffisantes mais moins que le quart d'heure alloué aux autres intervenants. L'équipe du musée McCord de Montréal a présenté ses réflexions autour des outils mobiles de muséographie. Margot Kaszap de l'université Laval nous a parlé d'un projet passionnant, GeoEduc3D, notamment sur l'aspect réalité augmentée : comment utiliser les outils géomatiques mobiles (outils numériques de présentation et de traitement des données géographiques, depuis les globes virtuels - google earth - jusqu'aux outils de géolocalisation, de cartographie, et les SIG) pour développer les compétences spatiales ? Un projet qui mêle cartographie, réalité augmentée et sorties terrain.
J'ai aimé aussi la présentation d'Antoine Mian : il a analysé la création spontanée d'un groupe Facebook par ses étudiants pour préparer un exposé pendant la période de crise politique en Côte d'Ivoire. Vraiment passionnant de voir des étudiants s'organiser, se former les uns les autres. Et de constater qu'en Afrique comme en France, Facebook pose les mêmes questions : vie privée / vie publique, protection des données personnelles, rôle de l'enseignant, creusement des inégalités, formation aux medias... Les échanges avec les collègues du Burkina et du Mali ont été aussi vifs que dans nos salles des profs !


Bon, maintenant que j'ai passé une heure sur ce billet je n'ai plus de temps pour râler. De toutes façons je ne me souviens plus de ce qui m'a déplu. C'est la faute à @nathcouz, à @annierikiki, @jyfrechette, @australopitek et @flomeyer avec qui j'ai passé ma dernière soirée montréalaise. Nous avons parlé twittérature, littérature, grèves étudiantes jusqu'à plus d'heure, et ils m'ont fait découvrir Speak White. Rien qu'avec ça, j'ai oublié le décalage horaire.



mercredi 18 avril 2012

Je suis nul en histoire géo

C'est pas moi qui le dis (je suis forte en grammaire et en orthographe, pas d'erreur), c'est mon fils. Il a onze ans, et il sait pourtant expliquer à sa sœur ce que sont les thermes gallo-romains qu'on a vus hier à Lyon.

Les thermes de Lugdunum, Source Wikipedia

"C'est bizarre ces ruines au milieu de ces bâtiments tout neufs." a-t-il ajouté. En plus il est pas nul en géo, il se pose les bonnes questions. Na.
"Qu'est-ce qui te fait dire ça ?" lui répond donc sa mère, prof d'histoire - géo et donc experte pour déterminer qui est nul en histoire - géo ou pas.
"J'ai des mauvaises notes", me répond-il.

Ah oui mais ça mon chéri, ça veut juste dire que tu es nul pour comprendre ce que ton prof attend de toi.

Mais comme je ne comprends pas toujours non plus... et comme tu vas changer de prof d'histoire - géo tous les ans, c'est pas vraiment le plus important.

Et voilà que ma fille de 9 ans s'en mêle : "Les notes, ça veut rien dire. C'est la maitresse qui l'a dit. D'ailleurs elle a dit aussi que l'année prochaine elle ne nous mettra plus de notes. Elle en a marre d'en voir qui pleurent ou qui se moquent quand elle donne les notes. Et puis de toutes façons les notes ça veut rien dire, même pas que t'es nul."

J'adore mes enfants. Ils sont pas nuls. Pas du tout.

lundi 19 mars 2012

Dommage ! Ça marche pas !

La semaine dernière, je m'énervais sur les filtres. Cette semaine, c'est pire. Après avoir passé trois heures en salle informatique de mon lycée tout neuf, je suis vraiment très énervée contre les conditions technologiques dans lesquelles nous travaillons.
Petit rappel :
"Le ministère de l’Éducation nationale mène depuis de nombreuses années une politique d’impulsion en faveur des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement (TICE),
Cette politique, désormais portée par la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), se traduit notamment par des actions visant à améliorer et accompagner l’équipement numérique des établissements, à soutenir le développement et la production des ressources et à développer les usages du numérique par les enseignants et les élèves, de la maternelle au lycée."
Jean-Yves Capul,
Direction générale de l’Enseignement scolaire
Ministère de l’Education Nationale
et également :
"L'accompagnement personnalisé [...] s'appuie sur les technologies de l'information et de la communication pour l'éducation (TICE). Il prend notamment la forme de travaux interdisciplinaires."
Circulaire n° 2010-013 du 29-1-2010
" Dans la mesure où l'éducation aux médias concerne toutes les disciplines, il convient d'engager une exploitation plus grande de tous les médias : journaux, magazines, radios, télévisions, etc. Au sein du lycée, l'expression des élèves est également à encourager : journaux scolaires et lycéens, radios et vidéos d'établissement, sites internet, etc."
Circulaire n° 2010-012 du 29-1-2010
 Ça tombe bien, je suis chargée de l'accompagnement personnalisé en seconde, et de l'ECJS en Terminale, notre salle informatique a moins de trois ans, je l'ai réservée à l'avance, j'ai des idées... En accompagnement personnalisé, mes secondes préparent des diaporamas et visites Google Earth pour présenter des projets d'aménagement de notre territoire. Un travail au long cours qui se termine la semaine prochaine. Mes Terminales, eux, sont invités à réaliser une vidéo qui dénonce une injustice et proposer une solution. Motivés, ils ont bossé (chez eux, même !), et en classe il n'y a plus qu'à .... Travailler !

Ah oui mais là... c'est compter sans la technologie
...
Florilège :
M. allume son ordinateur. Connexion au réseau impossible. M. Change d'ordinateur, deux fois. Ça marche.
M. ouvre son fichier, y travaille. Enregistre.
OK pas grave, M. a un compte Google Docs. Copions-collons donc sur un fichier texte dans Google doc ! Double clic sur Firefox, zut ...





Marche pas.

C'est rien y'a internet explorer.
Ah oui mais non : Ce navigateur ne supporte pas Google Docs (ou l'inverse ! ). Firefox, si, mais bon...

 





























Bon, travaillons un peu sur la vidéo, M. a trouvé une image à mettre dans la vidéo. Elle l'enregistre...


Non plus.
On se rabat sur la préparation de la vidéo ? Ouvrons Windows Movie Maker !


...
Ça se passe de commentaire.
Je crois qu'ils vont s'insurger sur les conditions technologiques dans lesquelles ils sont censés apprendre. Ils vont la faire sur leur propre ordinateur, ou sur leur téléphone (qu'ils n'ont théoriquement pas le droit d'allumer). Ou alors faire comme P., élève de seconde, fatigué de ne pouvoir ouvrir sa clef USB faute du mot de passe administrateur exigé, de ne pouvoir télécharger Google Sketchup ou aller sur Facebook chercher le fichier qu'il s'est envoyé. P. a booté l'ordi sur le CD Linux portable qu'il s'est fabriqué. Il installe ce qu'il veut (me demandez pas comment), va où il veut, sans aucune barrière. Je surveille du coin de l’œil. Ouf, il est sérieux, il travaille.
Mais pour ça il a dû pirater le système, dézinguer toutes les barrières (y compris celles qui pourraient éventuellement être utiles), avec la bénédiction désespérée de la prof désabusée.

Je crois (pure rhétorique. En fait je suis sûre)  que nous avons besoin d'une personne qui s'occupe de la maintenance de notre système informatique et du matériel. Les quelques heures allouées à notre collègue de SI sont censées lui permettre de nous installer les programmes dont nous avons besoin, de créer les identifiants des uns et des autres, et il s'en acquitte parfaitement au delà de ces heures payées. Avec d'autres dégourdis, il tente parfois (bénévolement) une bidouille qui répare. Mais ce n'est pas sont métier ! Alors vite ! Donnez-nous les moyens de travailler avec les outils du XXIème siècle !!!




lundi 12 mars 2012

Dommage ! C'est interdit !


Oui, c'est interdit. Ce qui était interdit ce matin, c'est d'accéder à Facebook depuis les postes de la salle informatique (y compris le mien perso à moi que je me suis acheté avec mes sous de prof et que j'ai prêté à mes gentils élèves). C'est dangereux, Facebook.

Remarquez je n'ai qu'à pas utiliser Facebook avec mes élèves. Je suis prof d'histoire-géo, pas "amie" sur les réseaux sociaux. Mais voilà : mes chouettes élèves de secondes ont réalisé un film pour leur présentation sur les énergies renouvelables, dans le cadre du cours de géo qui va bien avec le sujet. Ils ont intégré le film dans une présentation Openoffice, le seul logiciel disponible pour ça sur les ordis. Mais Openoffice plante, et la vidéo est illisible. Argh. La vidéo est sur l'iphone de L., qui n'a pas son cable. "De toute façon y'a pas Itunes, madame". Hummmm....
Les élèves se mobilisent, proposent Dropbox (ça ne marche pas non plus, la faute au téléphone), Youtube (le film est trop long). Par mail ? Il faut couper. Illumination : "On va mettre la vidéo sur Facebook !!!" dit B., la copine. Ce qui fut dit fut fait, et rapidement encore ! La récré arrive ? On reste là, on se connecte...
...
(Suspens. Vous imaginez la musique ? Tatatatatatatata....)
 ...

Rhâ, c'est interdit !!!

Pas grave. On rajoute une petite lettre à l'adresse du site de réseau social bien connu des listes noires académiques et hop ! On se connecte, péniblement tout de même car il faut répéter l'opération à chaque changement de page. Et puis voilà T., plutôt féru d'informatique (il a programmé un exerciseur pour réviser les repères du brevet et vient de faire sa présentation sur l'hydro électricité... dans Google Earth). Et T. donne l'adresse d'un proxy qui permet sans effort de contourner l'interdiction académique. On va l'avoir, cette vidéo !!!
Ah oui mais non  : il faut mettre à jour le plugin de xxx, logiciel indispensable pour lire la vidéo. Et je n'ai pas les codes administrateurs. On télécharge sur une clef grâce au logiciel que T. nous conseille (là j'avoue,  je n'ai pas suivi), on la branche sur l'ordi de la prof ( celui qui est à elle perso et qu'elle s'est achetée avec ses sous de prof), la vidéo s'affiche... et s'arrête après 10 secondes. Ça ne doit pas être permis non plus de télécharger une vidéo de Facebook.

Sur cette vidéo, mes élèves présentaient l'intérêt de l'énergie solaire pour chauffer la piscine voisine. C'est dangereux, sûrement. Ils n'ont eu aucun problème à mettre cette vidéo sur internet, malgré les interdictions. En revanche, ces filtres nous ont empêché de la regarder. Merci les filtres.

samedi 3 mars 2012

Lipdub en cours : qu'est-ce qu'ils apprennent

Je l'ai écrit dans un billet précédent, mes élèves de seconde réalisent un lipdub. Pas vraiment original vu que les jeunes UMP, les Verts, l'école Centrale, la Sorbonne et l'hôpital du Sacré Coeur ont fait le leur depuis longtemps. Mais pour moi c'est le premier et je suis assez épatée par ce qui se passe dans la classe.

D'abord, choisir la chanson. Cela veut dire qu'il a fallu discuter de ce dont nous parlions. Le thème est imposé par ... moi (c'est bon d'être chef un peu) mais "Les consommation à risque", ça veut dire quoi exactement ? La parole se libère timidement, on parle drogue, alcool, sexe, comportements...

Ils proposent ensuite des chansons. Presque toutes datant de l'antiquité (je veux dire : les années qui ont vu ma naissance), je m'étonne. "Aujourd'hui madame, les chanteurs quand ils parlent de drogue ils sont plutôt "pour" !". On aborde le pourquoi, on trouve d'autres chansons, parfois en anglais, il faut traduire. Les sites de traduction des paroles montrent leurs limites, les traducteurs en ligne aussi, on va vers les dictionnaires...

Nous avons choisi "Snow", des Red Hot Chili Peppers.


On décortique chaque paragraphe, on discute sur la situation décrite : A quel moment il a commencé, pourquoi ? Il se demande ensuite s'il est dépendant, évoque son isolement social, cela évoque des situations réelles, pas forcément vécues, mais connues. Bref, on travaille le sujet d'éducation civique que j'ai choisi. Youpi !

Il faut ensuite construire le scenario : pour chaque scène, comment illustrer la situation par des gestes, des accessoires, des lieux, des mouvements de caméra ? Il faut faire correspondre la situation évoquée par la chanson à une situation concrète. Le travail continue, la suite me paraît de nature à travailler l'éducation aux médias. Je vous raconterai. 

dimanche 29 janvier 2012

Une conférence (in english) sur les atouts de la recherche collaborative pour la recherche en éducation

Vidéo de la préconférence ESERA

Addressing the Complexity of the Educational Setting with Collaborative Research. A Case Study about Game-Based Learning.
E. Sanchez & C. Jouneau-Sion – EducTice- IFÉ - ENS Lyon
ESERA_001.png
During the last few years our team has been involved in research into the use of games for secondary education. Researchers and practicing teachers collaborate to address the complexity of educational settings focused on a Game-Based Learning approach. Our research methodology is a design-based process aiming at refining both theory and practice regarding the design of games and its impact on learning outcomes.
Our presentation will focus on the description of the research methodology. It will also offer the opportunity to discuss the benefits and limitations associated with this methodology.

samedi 21 janvier 2012

J'aime pas mettre des notes

Je corrige des copies de Terminales et évidemment, je cherche tous les prétextes pour faire une pause. C'est pas que je n'aime pas corriger des copies mais... en fait si, je n'aime pas du tout corriger des copies quand je sais que 1) je mets des notes qui ne vont pas faire plaisir 2) dont je reste persuadée que données à 10 autres collègues j'aurais eu 10 notes différentes, donc ça veut rien dire et 3) j'ai beau soigner mes commentaires, j'ai la nette impression que ça ne va pas servir à grand chose.

Alors je regarde mes tweets, je papote, je raconte mes perles, tout ça. Et je décide de vous raconter comment je note.
D'abord avant de corriger je bâtis ma grille de critères. En fait pour mes secondes normalement elle est sur le devoir. Pour les terminales ma grille s'inspire très précisément de la fiche méthodologique de l'exercice type bac que je donne.

Ne rêvez pas : cette grille n'est pas un barême. Non. Ma note est globale (oui oui même quand il y a des questions) et suit cette progression inspirée par François Jourde (un de mes museaux - le masculin de muse - )

Alors comment je fais quand j'ai des questions ? Ben ... je note les questions, je note la synthèse, et la note globale est issue de ma grille et non la somme de mes deux notes. Bon en fait, si je suis logique avec moi-même et si j'ai réussi à bâtir un savoir-faire "notation" qui va bien, en réalité la somme de mes notes et relativement proche de ma note globale parce que finalement, je note les questions comme ça aussi. Hé hé futé non ?
"C'est du pif" vous allez me dire. Non. Pas plus que mettre 1,75 à la question 2 de la partie III qui va s'ajouter au 2,25 de la question 3 de la partie I pour faire avec le reste une note de 12,75.


mercredi 4 janvier 2012

Un lipdub sur les consommations à risque


Ce matin en ECJS, mes élèves et moi nous sommes engagés dans l'aventure du lipdub. De mon côté j'ai été aidée dans la démarche par ce site

Voici ce que nous avons dessiné ce matin :
  • Activité 1 Choix de la chanson (de la musique) 
- La chanson que nous allons choisir parlera de drogues dures et des drogues "douces" comme le cannabis, de l'alcool, des médicaments, de tabas et aussi de sexe. 
- Les premières propositions des élèves (j'ai pas dit oui ! )
Empire of the seum, alhaz
Génération sexe drogue et vodka, King V (euhhhhh....je mets pas le lien)
L’histoire d’un ado, Danakil
- Mes propositions (ben quoi, j'ai pas le droit ? )

Poison, de Alice Cooper
Un truc rapide : Minor Threat - Straght Edge (ça fait du bruit !)
Mother's little helper, des Rolling Stones
Le commun des mortels, Awoid
  • Activité 2 Écriture des paroles sur le thème choisi (si jamais on trouve une musique dont on veut changer les paroles)
  • Activité 3 Scénario et mise en scène
La classe est divisée en plusieurs groupes.

- Chaque groupe va travailler sur les paroles et les gestes qui les accompagnent :
    • Trouver les gestes qui peuvent illustrer la chanson.
    • Chaque groupe présente en la mimant une partie de la chanson, puis fait répéter les gestes aux autres groupes.
Décider maintenant si on veut montrer son visage ou pas (vie privée, identité numérique) de façon à l'intégrer au scénario.

- Construire autour de ces gestes un scénario, un mouvement continu :
    • Imaginer un parcours dans les différentes salles
    • comment mettre en scène paroles et gestes ? 
    • combien faut-il d’acteurs à chaque étape ? 
    • faut-il des costumes, un décor ?
- Ecriture du scénario et de la composition du plan ( pourquoi pas un « story board » ? )
    • Penser à l'endroit que la caméra doit filmer.
  • Activité 3 Soigner le play-back (en exagérant l’articulation.)
  • Activité 4 Tournage  
    • Avec une simple caméra ou même un appareil photo numérique.  
    • Lancer la chanson et mettre le volume suffisamment haut pour que les acteurs l’entendent au fur et à mesure que la caméra les filme, car c’est la chanson qui servira de colonne vertébrale et reliera toutes les images. 
    • Ne pas oublier le stabilisateur d’image !
    • Faire la synchronisation son / image
  • Activité 5 Quel destin pour cette œuvre ? 
    • Visionner le film
    • Et décider ensemble (et avec les parents si les visages sont visibles) si on publie.
    • Va-t-on placer la vidéo sur Youtube ? Quels sont les enjeux ? Comment faire ? ouvrir un débat sur la vie privée, les nouveaux médias,
D’après http://www.netemploi.fr/2011/12/lipdub-outil-d-apprentissage/#more-4645