lundi 19 mars 2012

Dommage ! Ça marche pas !

La semaine dernière, je m'énervais sur les filtres. Cette semaine, c'est pire. Après avoir passé trois heures en salle informatique de mon lycée tout neuf, je suis vraiment très énervée contre les conditions technologiques dans lesquelles nous travaillons.
Petit rappel :
"Le ministère de l’Éducation nationale mène depuis de nombreuses années une politique d’impulsion en faveur des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement (TICE),
Cette politique, désormais portée par la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), se traduit notamment par des actions visant à améliorer et accompagner l’équipement numérique des établissements, à soutenir le développement et la production des ressources et à développer les usages du numérique par les enseignants et les élèves, de la maternelle au lycée."
Jean-Yves Capul,
Direction générale de l’Enseignement scolaire
Ministère de l’Education Nationale
et également :
"L'accompagnement personnalisé [...] s'appuie sur les technologies de l'information et de la communication pour l'éducation (TICE). Il prend notamment la forme de travaux interdisciplinaires."
Circulaire n° 2010-013 du 29-1-2010
" Dans la mesure où l'éducation aux médias concerne toutes les disciplines, il convient d'engager une exploitation plus grande de tous les médias : journaux, magazines, radios, télévisions, etc. Au sein du lycée, l'expression des élèves est également à encourager : journaux scolaires et lycéens, radios et vidéos d'établissement, sites internet, etc."
Circulaire n° 2010-012 du 29-1-2010
 Ça tombe bien, je suis chargée de l'accompagnement personnalisé en seconde, et de l'ECJS en Terminale, notre salle informatique a moins de trois ans, je l'ai réservée à l'avance, j'ai des idées... En accompagnement personnalisé, mes secondes préparent des diaporamas et visites Google Earth pour présenter des projets d'aménagement de notre territoire. Un travail au long cours qui se termine la semaine prochaine. Mes Terminales, eux, sont invités à réaliser une vidéo qui dénonce une injustice et proposer une solution. Motivés, ils ont bossé (chez eux, même !), et en classe il n'y a plus qu'à .... Travailler !

Ah oui mais là... c'est compter sans la technologie
...
Florilège :
M. allume son ordinateur. Connexion au réseau impossible. M. Change d'ordinateur, deux fois. Ça marche.
M. ouvre son fichier, y travaille. Enregistre.
OK pas grave, M. a un compte Google Docs. Copions-collons donc sur un fichier texte dans Google doc ! Double clic sur Firefox, zut ...





Marche pas.

C'est rien y'a internet explorer.
Ah oui mais non : Ce navigateur ne supporte pas Google Docs (ou l'inverse ! ). Firefox, si, mais bon...

 





























Bon, travaillons un peu sur la vidéo, M. a trouvé une image à mettre dans la vidéo. Elle l'enregistre...


Non plus.
On se rabat sur la préparation de la vidéo ? Ouvrons Windows Movie Maker !


...
Ça se passe de commentaire.
Je crois qu'ils vont s'insurger sur les conditions technologiques dans lesquelles ils sont censés apprendre. Ils vont la faire sur leur propre ordinateur, ou sur leur téléphone (qu'ils n'ont théoriquement pas le droit d'allumer). Ou alors faire comme P., élève de seconde, fatigué de ne pouvoir ouvrir sa clef USB faute du mot de passe administrateur exigé, de ne pouvoir télécharger Google Sketchup ou aller sur Facebook chercher le fichier qu'il s'est envoyé. P. a booté l'ordi sur le CD Linux portable qu'il s'est fabriqué. Il installe ce qu'il veut (me demandez pas comment), va où il veut, sans aucune barrière. Je surveille du coin de l’œil. Ouf, il est sérieux, il travaille.
Mais pour ça il a dû pirater le système, dézinguer toutes les barrières (y compris celles qui pourraient éventuellement être utiles), avec la bénédiction désespérée de la prof désabusée.

Je crois (pure rhétorique. En fait je suis sûre)  que nous avons besoin d'une personne qui s'occupe de la maintenance de notre système informatique et du matériel. Les quelques heures allouées à notre collègue de SI sont censées lui permettre de nous installer les programmes dont nous avons besoin, de créer les identifiants des uns et des autres, et il s'en acquitte parfaitement au delà de ces heures payées. Avec d'autres dégourdis, il tente parfois (bénévolement) une bidouille qui répare. Mais ce n'est pas sont métier ! Alors vite ! Donnez-nous les moyens de travailler avec les outils du XXIème siècle !!!




lundi 12 mars 2012

Dommage ! C'est interdit !


Oui, c'est interdit. Ce qui était interdit ce matin, c'est d'accéder à Facebook depuis les postes de la salle informatique (y compris le mien perso à moi que je me suis acheté avec mes sous de prof et que j'ai prêté à mes gentils élèves). C'est dangereux, Facebook.

Remarquez je n'ai qu'à pas utiliser Facebook avec mes élèves. Je suis prof d'histoire-géo, pas "amie" sur les réseaux sociaux. Mais voilà : mes chouettes élèves de secondes ont réalisé un film pour leur présentation sur les énergies renouvelables, dans le cadre du cours de géo qui va bien avec le sujet. Ils ont intégré le film dans une présentation Openoffice, le seul logiciel disponible pour ça sur les ordis. Mais Openoffice plante, et la vidéo est illisible. Argh. La vidéo est sur l'iphone de L., qui n'a pas son cable. "De toute façon y'a pas Itunes, madame". Hummmm....
Les élèves se mobilisent, proposent Dropbox (ça ne marche pas non plus, la faute au téléphone), Youtube (le film est trop long). Par mail ? Il faut couper. Illumination : "On va mettre la vidéo sur Facebook !!!" dit B., la copine. Ce qui fut dit fut fait, et rapidement encore ! La récré arrive ? On reste là, on se connecte...
...
(Suspens. Vous imaginez la musique ? Tatatatatatatata....)
 ...

Rhâ, c'est interdit !!!

Pas grave. On rajoute une petite lettre à l'adresse du site de réseau social bien connu des listes noires académiques et hop ! On se connecte, péniblement tout de même car il faut répéter l'opération à chaque changement de page. Et puis voilà T., plutôt féru d'informatique (il a programmé un exerciseur pour réviser les repères du brevet et vient de faire sa présentation sur l'hydro électricité... dans Google Earth). Et T. donne l'adresse d'un proxy qui permet sans effort de contourner l'interdiction académique. On va l'avoir, cette vidéo !!!
Ah oui mais non  : il faut mettre à jour le plugin de xxx, logiciel indispensable pour lire la vidéo. Et je n'ai pas les codes administrateurs. On télécharge sur une clef grâce au logiciel que T. nous conseille (là j'avoue,  je n'ai pas suivi), on la branche sur l'ordi de la prof ( celui qui est à elle perso et qu'elle s'est achetée avec ses sous de prof), la vidéo s'affiche... et s'arrête après 10 secondes. Ça ne doit pas être permis non plus de télécharger une vidéo de Facebook.

Sur cette vidéo, mes élèves présentaient l'intérêt de l'énergie solaire pour chauffer la piscine voisine. C'est dangereux, sûrement. Ils n'ont eu aucun problème à mettre cette vidéo sur internet, malgré les interdictions. En revanche, ces filtres nous ont empêché de la regarder. Merci les filtres.

samedi 3 mars 2012

Lipdub en cours : qu'est-ce qu'ils apprennent

Je l'ai écrit dans un billet précédent, mes élèves de seconde réalisent un lipdub. Pas vraiment original vu que les jeunes UMP, les Verts, l'école Centrale, la Sorbonne et l'hôpital du Sacré Coeur ont fait le leur depuis longtemps. Mais pour moi c'est le premier et je suis assez épatée par ce qui se passe dans la classe.

D'abord, choisir la chanson. Cela veut dire qu'il a fallu discuter de ce dont nous parlions. Le thème est imposé par ... moi (c'est bon d'être chef un peu) mais "Les consommation à risque", ça veut dire quoi exactement ? La parole se libère timidement, on parle drogue, alcool, sexe, comportements...

Ils proposent ensuite des chansons. Presque toutes datant de l'antiquité (je veux dire : les années qui ont vu ma naissance), je m'étonne. "Aujourd'hui madame, les chanteurs quand ils parlent de drogue ils sont plutôt "pour" !". On aborde le pourquoi, on trouve d'autres chansons, parfois en anglais, il faut traduire. Les sites de traduction des paroles montrent leurs limites, les traducteurs en ligne aussi, on va vers les dictionnaires...

Nous avons choisi "Snow", des Red Hot Chili Peppers.


On décortique chaque paragraphe, on discute sur la situation décrite : A quel moment il a commencé, pourquoi ? Il se demande ensuite s'il est dépendant, évoque son isolement social, cela évoque des situations réelles, pas forcément vécues, mais connues. Bref, on travaille le sujet d'éducation civique que j'ai choisi. Youpi !

Il faut ensuite construire le scenario : pour chaque scène, comment illustrer la situation par des gestes, des accessoires, des lieux, des mouvements de caméra ? Il faut faire correspondre la situation évoquée par la chanson à une situation concrète. Le travail continue, la suite me paraît de nature à travailler l'éducation aux médias. Je vous raconterai.