mercredi 24 mars 2010

Colère et comportements agressifs

Ce qu'il y a de bien dans le fait de bloguer, c'est que ça vous force à assumer ce que vous écrivez et donc, à donner suite.
Dans mon dernier billet, j'écrivais comme on se déshabille avant d'aller se coucher, on ôte son vêtement de travail, on se douche et hop, on dort comme un bébé. Avec une nuance quand même : j'ai twitté mon billet en espérant trouver auprès d'autres des éléments de réponses, des lueurs d'espoir.
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a eu du public pour ma mise à nu ! Aujourd'hui, merci lemonde.fr, plus de 200 lecteurs. Mon blog va s'évanouir de tant de visites.
J'ai donc eu des commentaires (s'il y en a d'autres, c'est encore mieux du moment qu'ils me font avancer). Merci Gaël, merci Christine, merci Kritik.

Ils me disaient grosso modo, en ce qui concerne l'investissement des élèves dans le type de pédagogie que je mets en place, souvent avec les TICE :
Les TICE peuvent être utilisées pour élaborer un milieu didactique qui permet à l'élève d'éprouver les stratégies qu'il adopte  (Kritik)
C'est une situation est aussi compliquée pour le prof que pour l'élève (c'est plus détaillé dans leurs commentaires !). Il faut donc rassurer en explicitant la démarche,  les attendus et la méthode, mais aussi laisser le choix de la stratégie.
En gros (dit Gaël Plantin), je dois leur montrer comment faire avec précision, mais les laisser libre de ne conserver que l'esprit de ce que je cherche à leur transmettre.
En effet, cela permet d'installer la confiance. Mais comment gérer l'agressivité qui est de mise dans mes classes (et visiblement pas uniquement chez moi, voir ici) dès le départ et malgré mon sourire à la porte ?
Je reçois sur Twitter via @RIRE_CTREQ cet article sur l'agressivité chez les jeunes qui me conforte dans mon idée (Comment ? d'autres y ont pensé avant moi ? ;-) ) que c'est là aussi qu'il faut agir :
Les élèves aux prises avec des problèmes d’agressivité ont, en effet, souvent du mal à apprendre et à réussir. Ils sont en outre moins enclins à participer en classe et risquent davantage de décrocher avant la fin du secondaire. Leurs poussées d’agressivité peuvent perturber les études de leurs camarades et mettre en péril leur sécurité

Bon, il va y avoir du boulot parce j'habite à Raismes (taux de chômage à 26,6%, revenu moyen par ménage de 11264 euros, de très nombreuses familles nombreuses et de jeunes mamans) et que l'article poursuit ainsi :

  • un faible revenu familial;
  • l’alcoolisme ou la toxicomanie des parents;
  • la présence d’un grand nombre d’enfants au sein de la famille;
  • le jeune âge de la mère;
  • l’hostilité des relations parent-enfant (ou de celles entre les parents);
  • le stress parental;
  • la dépression parentale.

Hum...Cet article propose différentes approches dont une pour l'école, I Can Problem Solve, basée sur des jeux (mais valable surtout pour les petites classes).

Par une série de jeux et d’exercices, les enfants apprennent à cerner la nature d’un problème ainsi que les pensées, les sentiments ou les raisons qui sont à l’origine de leurs conflits interpersonnels. Ils apprennent également à trouver des solutions de rechange à leurs problèmes et à envisager les conséquences de ces solutions. 
 Je ne sais pas si mes élèves de 4ème se laisseraient embarquer dans des jeux qui touchent à leur ressenti, ils sont un peu trop à vif à cet âge. Mais un peu de philo, ou un groupe de parole qui les amèneraient à relativiser les problèmes et à envisager des solutions, ça pourrait fonctionner. Qui s'y colle ? ;-) Et que fait-on aussi d'ailleurs de l'agressivité des profs (la mienne, par exemple, avec l'une de mes classes de 6ème, ou celle de ma collègue, à qui je ne jette pas la pierre ) ?

Un de mes "abonnés" Twitter, @formapsy, revient sur le terme de "gérer" qu'on lit dans le titre de cet article et qui figure d'ailleurs aussi dans le stage que nous recevons demain dans mon collège : "Gérer les élèves difficiles".

Gérer est plus simple que comprendre et surtout moins couteux ; d'où l'engouement actuelle de la gestion peut être., me dit donc @formapsy.

Il me livre en même temps (merci de ne pas m'avoir laissée uniquement avec des questions !!!) une référence : la méthode de la validation de Feil, et un article qui présente cette méthode destinée certes aux personnes âgées, mais qui donne quelques pistes pour agir au quotidien :

« Valider : c’est reconnaître les émotions et les sentiments d’une personne. C’est lui dire que ses sentiments sont véritables. Ne pas reconnaître ses émotions, c’est nier la personne. La Validation utilise l’empathie pour se brancher sur le monde intérieur de l’autre et ainsi construire la confiance  : 

            -  la confiance amène la sécurité,
            -  la sécurité amène la force,
            -  la force renouvelle chez l’individu la conscience de sa propre valeur,
            -  cette conscience réduit le stress.
[...]
La Validation est basée sur la notion qu’il y a une raison derrière tout comportement.

Si je traduis : reconnaître la colère, la peur, la haine parfois (voire l'amour) chez nos ados, et essayer de comprendre d'où ils viennent. Et dans la relation aux ados :

  • Une attitude relationnelle empreinte d’empathie avec ces personnes dans le travail au quotidien. Cette empathie étant le fondement et sa raison d’être.
  • Une théorie de la très grande vieillesse des désorientés qui nous aide à comprendre leurs comportements. [Bon ici on traduit en théorie de l'adolescence, hein... Encore que la théorie de la très grande vieillesse vaudra aussi pour les profs en fin de carrière dans quelques années]
  •  Une approche technique et des outils spécifiques qui font référence aux théories de la communication, et adaptées à ce public.
 Bon, il me reste à poursuivre ma formation en psychologie de l'adolescent maintenant. Et dire qu'on va oublier désormais de donner une formation professionnelle aux enseignants...

Et surtout... On n'a pas encore parlé d'ajouter les ordis dans la classe !
 J'adore ce métier

samedi 20 mars 2010

Quelles relations profs - élèves aujourd'hui ?

Dans ma pratique professionnelle, je sens bien que mes relations avec mes élèves changent, dans la classe et hors la classe.

En classe : le cul entre deux chaises
 
Dans la classe, deux situations très contrastées : il arrive que la confiance domine, que les élèves s'engagent dans la situation pédagogique que j'ai préparée pour eux, et que je lâche prise sur leur travail, n'ayant qu'à les accompagner. Fabrication d'une affiche, d'un parcours sur Google maps ou mise en œuvre d'un projet de classe, ils choisissent leur stratégie, leurs partenaires, les outils qu'ils utilisent. Dans ce cas, la classe n'est pas silencieuse, ils parlent, rient même, voire, dans le cas de mes (excellents) élèves de 3ème Découverte professionnelle, clavardent et écoutent la musique pendant qu'on travaille.
D'autres fois c'est l'inverse : tension immédiate, affrontement même, de sorte que la consigne ne peut être transmise. Les voix montent, j'exige le silence absolu, je punis, je finis souvent par diriger le cours d'une main de fer.
D'entre deux, point. D'explications quant aux paramètres qui mènent à une situation plutôt qu'à une autre, j'en ai quelques unes que vous imaginez aussi bien que moi : l'heure, ce qui s'est passé l'heure d'avant, une hostilité quelconque... Mais ce qui m'intéresse en ce moment, c'est que je parviens moins bien qu'avant à gérer les situations de classe dans lesquelles je dois parler et eux, m'écouter. Et j'ai un bout d'explication. L'ordinateur, qu'il soit ouvert sur mon bureau ou que nous soyons en salle informatique, s'interpose entre les élèves et moi dès le début de l'heure. Il capte mon attention alors que je devrais fixer la leur en consacrant mon regard à établir le contact. Il capte la leur lorsqu'ils ont un ordinateur (même éteint) devant les yeux et sous les doigts.
D'autre part, je crois qu'il est difficile, dans le cadre (rigide) actuel du collège, de faire comprendre aux élèves qu'il y a un temps pour tout : un temps de silence pour écouter introductions et consignes, un temps de parole contrôlée pour les échanges et un temps de parole plus libre (mais réglementé quand même, vie en société oblige) lors du travail en groupe. Je n'y suis pas encore parvenue en tous cas, et je me sens moi-même désormais à la fois incapable d'exiger le silence total, et toujours incapable de parler dans le brouhaha. C'est bête hein ? Le cul entre deux chaise. Une prof et des élèves en transition.


Il y a eu jeudi dernier un moment où j'ai compris quand même que mes élèves de Découverte pro et moi avions trouvé un équilibre efficace en terme de gestion de la parole, mais que tout le monde n'en était pas encore là. Nous recevions deux responsables de communication d'une entreprise avec laquelle nous menons un projet, deux jeunes dames très sympas venues pour une réunion de travail. Le remue-méninge à voix haute, la prise de notes sur etherpad étaient parasitées par d'autres activités : clavardage, blagues à deux balles (mais toujours sur le sujet de notre réunion) et même préparation du conseil de classe pour la déléguée. Mais chacun, j'y veillais, participait aussi au travail commun. Eh bien la plus jeune des deux jeunes femmes, encore en formation, supportait visiblement très mal ce parasitage que je regardait quant à moi presque avec fierté, alors même que le travail avançait (autant qu'il pouvait dans une 8ème heure de cours le lendemain du forum des métiers). Je suis convaincue que mes élèves (ceux-là du moins) sont multitâche, tout à fait capable de mener certaines tâches en parallèle à d'autres. Bien sûr certaines activités exigent une entière concentration, et ils ne savent pas toujours faire la différence, et c'est là que j'interviens. Les outils que nous utilisons dans ce groupe (wiki, etherpad) sont des outils collaboratifs dans lesquels ma parole ne vaut pas plus que la leur, ce qui instaure un rapport de confiance plus que des relations hiérarchiques dans la classe.

Hors la classe : "Amis sur Facebook" ?

Hors de la classe, les relations changent aussi grâce / à cause des réseaux sociaux. J'ai été très mal à l'aise la première fois qu'un de mes élèves m'a invitée à devenir son "ami" sur Facebook. Moi qui habite dans la ville où je travaille, qui me mêle à mes élèves au quotidien (les anciens élèves baby sitter, les frères et soeurs des copains de mes enfants, les enfants des copains qui viennent manger à la maison...) je ne me voyais pas accepter dans mon réseau composé de mes amis, collègues, famille, relations de travail ces adolescents qui me rendent chêvre la journée.
Alors je me suis créé un compte Facebook spécial pour mes élèves et leurs parents, sur lequel je les accepte tous comme "amis". J'ai des surprises : telle minette qui m'enquiquine sans arrêt mais veut m'ajouter dans ses contacts, m'envoie des petits mots très gentils et m'invite à jouer avec elle ; tel autre qui me demande des infos sur le prochain contrôle ou commente la séance précédente (ça c'est plus rare). Mais que dois-je faire de ces nouvelles relations hors de la classe ? Je n'ai pas envie d'être pour eux une amie, j'ai en réalité une relation de pouvoir avec eux, quoi qu'on fasse. Quel impact peuvent avoir mes interventions dans leur vie privée sur Facebook ? Jusqu'où dois-je, puis-je ou dois-je m'interdire d'aller ? D'un autre côté, c'est assez sympa comme réseau : trouver le film, le dessin animé ou le jeu idéal pour commencer un cours devient un jeu d'enfant. M'enfin voilà. Les questions restent tout de même.


Voilà pourquoi je demandais tout à l'heure sur Twitter : "Je cherche un article de référence qui décrit l'impact des technos sur les relations profs-élèves. Vous avez des idées ?"
J'ai eu quelques réponses qui ne collent pas exactement à ma demande, mais dans lesquelles ont doit pouvoir trouver des pistes. Merci donc @jisee @FrancoisBourdon @formapsy @pierreservet pour leurs lumières 

Ils m'ont indiqué :
  • Un numéro de Recherches sur l'ordinateur en Français, que je n'ai pas lue (on me signale ce matin qu'elle est en ligne, sous le sommaire) mais dans lequel on trouve un article sur les familles et un autre sur l'ordinateur comme moyen de parler ensemble (promis je lis et je commente)
  • Un dossier d'actualité de l'INRP très complet qui est en ligne sur le site de la veille scientifique et technologique. Rien de spécifique sur les relations dans la classe, mais ont peut lire en filigrane quelques idées : le fait de maîtriser ses apprentissages et de recevoir un enseignement plus individualisé est susceptible de donner confiance aux "apprenants" et donc de limiter les tensions. 
  • (dimanche 21/03) Un ami me donne cette référence : Lebrun, M. (2007). Théories et méthodes pédagogiques pour enseigner et apprendre : Quelle place pour les TIC dans l'éducation ? (2 éd.). De Boeck, et notamment l'introduction. 
  • et quelques autres liens mais qui n'ont rien donné. A suivre donc, n'hésitez pas à indiquer les vôtres !

Mal être au collège

Jeudi prochain, dans mon collège, stage demandé, annoncé et attendu sur le thème "comment gérer les élèves difficiles". Saura-t-il nous sauver de l'explosion ?

La tension est palpable ces derniers mois, chez les élèves comme chez les profs de mon collège : insultes, dégradation du matériel, beaucoup de cris en classe, dans les couloirs, exclusions à tire-larigo, temporaires ou définitives. Cela se mesure dès l'entrée en classe : bousculades, baffes entre élèves, agitations diverses qui mènent à l'exclusion du cours. Exclusions tellement nombreuses que la CpE ne peut tous les recevoir. Bien sûr, nous le savons tous, la place des élèves est en classe et nous tentons de les garder... "Madame, je peux aller en perm' de toutes façons je vais faire le bordel !" dit K. avant de mettre ses menaces à exécution. Je sors en tremblant d'avoir essayé de donner une consigne, d'avoir tenté de les mettre en activité de façon à mériter mon salaire d'enseignante, d'avoir pris sur moi pour ne pas craquer. Craquer, je l'ai fait deux fois déjà, fermant la porte pour qu'on ne me voie pas fondre en larmes. D'autres ont mis une claque, ou sont en arrêt pour dépression. Attention, qu'on ne se trompe pas : mes élèves sont des gentils, ils "m'aiment bien" et ne me sont pas hostiles, mais rien à faire : ils sont dans le plaisir immédiat, dans l'ignorance de ce qu'est l'effort, dans l'indifférence totale vis à vis du bagage qu'ils sont censés se construire à l'école. Le plaisir de montrer ce qu'on sait, de découvrir ce qu'on ne sait pas, de s'aventurer dans la connaissance, c'est comme si c'était pour la plupart d'entre eux un autre monde, inaccessible, inconnu et, à vrai dire, sans aucun intérêt.
Et pourtant je me décarcasse ! Je souris, je cadre, j'alterne les postures pédagogiques, j'explique, j'écoute, je mets au défi, mais ils s'en fichent. L'important est ailleurs : dans les discussions d'hier ou de ce soir sur MSN notamment, et dans le plaisir immédiat de papoter, de se mettre en valeur. D'un jour sur l'autre, le vide s'est fait : aucune trace du travail de la veille, même quand il a été fait, même quand il a été apprécié. On fait "reset" chaque jour, chaque heure presque. L'immédiateté.
Et nous, les enseignants de mon établissement, nous nous sentons seuls. Seuls à nous coller à cette tâche de faire progresser les adolescents qu'on nous confie, de les préparer à leur vie d'adulte en leur donnant les outils pour comprendre, s'exprimer, pour continuer à se former et à s'informer. Seuls aussi à leur donner un cadre, celui que les ados cherchent à trouver lorsqu'ils transgressent les règles, histoire de se rassurer, de se dire que le vaste monde n'est pas un infini dans lequel ils vont se noyer. "Je ne comprends pas, il a tout : internet, la console, le téléphone, tout ça dans sa chambre alors, pourquoi ne travaille-t-il pas ?" nous disent souvent les parents. "De toutes façons, il est nul", disent certains profs qui ont la même reconnaissance institutionnelle que les autres et qu'on se garde bien de remettre à leur place.
Pfff, mon adolescence est finie depuis longtemps, mais j'ai moi aussi l'impression de me noyer et de ne plus avoir ma place dans ce système, l'impression d'être en décalage total avec ce qu'on attend de moi, tant mon employeur que les parents et mes élèves. Et je vois bien que les élèves sont paumés aussi. Alors on fait quoi ?

Heureusement que cette crise-là ne donne pas d'acné !

mardi 9 mars 2010

6eme Habiter la ville

Voici le plan du cours tel qu'il est prévu
1ère séance - Habiter New York

Séance 1 : Voir la carte

Tu es l'un de ces personnages qui habite New York

NYhab

En utilisant la fiche Raabe fournie :

I- Localise New York, le quartier dans lequel tu habites.

II- Décris ton quartier :

- le paysage, à l'aide de Google Street view

- la façon dont il est relié au reste de la ville (route, transports en commun, embouteillages etc...)

- les lieux pour se distraire.

III- Ta mission personnelle : Ta maman t'écrit pour te donner une mission

- Vanessa l'enseignante doit aller au consulat général de France pour chercher ses papiers d'identité ;

- James le sans abri doit aller se faire soigner à l'hôpital le plus proche ;

- Jean le trader doit aller chercher des pâtes italiennes à Little Italy ;

- Sidney l'étudiante doit préparer la venue de sa mère qui veut visiter un musée, un parc ou un zoo.

- David le journaliste doit emmener sa mère voir une comédie musicale sur Broadway.

- Harvey, chargé de mission à l'ONU, va chercher con cousin Michel à l'aéroport JFK et l'amener à l'hôtel Hilton de Manhattan.

Chacun devra rédiger une lettre pour sa mère, dire où il est allé, comment il y est allé, qui il a rencontré et ce qu'il/elle a vu.

2ème séance :

Lecture des lettres et compléter le schéma heuristique + schéma de l'organisation de la ville
3ème séance : Habiter Mumbai (séance d'après Mme Duboz, Saint-Claude)

et aussi
I- Localiser la ville, le quartier

II- Décrire ce quartier, décrire les quartiers alentour et compléter le schéma heuristique habiter Mumbai

Utiliser les docs p224-227 + schéma de paysage

III- Expliquer :

- les contrastes

- la croissance de la population

Faire un schéma résumant l'organisation de la ville

Séance 4 : Comparer les deux études de cas

- quelles similitudes ? Quelles différences ?

- expliquer (et ça, c'est le cours et c'est vous qui allez le faire, héhé !)