"Après tout, dit-il, fbk est très utilisé pour les affaires " ( ce n'est pas vraiment l'argument que je donnerais mais bon. J'imagine que cela signifie que fbk n'est pas qu'un jouet). Mais surtout, "Facebook est déjà utilisé par les parents, les élèves et les enseignants" et là, c'est pas faux.
Fbk est déjà dans les écoles le plus souvent sans être institutionnalisé : élèves et profs s'y rencontrent parfois même dans un projet pédagogique. Pourquoi l'institutionnaliser ? Ou pourquoi pas ? Ce sont les questions que ça me pose.
Monique Royer et Michel Lévêque me font déjà une très bonne remarque. C'est bien joli de parler de Fbk à l'école mais Fbk est bloqué par les pare-feu académiques. C'est, il me semble, une réponse à ma première question (pourquoi institutionnaliser l'usage de Fbk) et une raison supplémentaire de réfléchir à ces deux questions : doit-on (ou pas) autoriser Fbk dans les établissements (il faut argumenter pour convaincre) et doit-on (ou pas) utiliser Facebook dans le cadre scolaire.
1- Autoriser (ou pas) Facebook dans les écoles ?
Cette question m'agace déjà. Les filtres académiques sont censés protéger nos élèves de tout un tas de choses effectivement menaçantes : le porno, les pédophiles, la violence... Cet article de Savoir CDI pose les enjeux de la question des listes noires et blanches. Protéger en isolant ou protéger en éduquant ?
Il faut faire avec ce que l'on a et en ce moment, notre institution protège en filtrant. A nous de convinacre nos supérieurs qu'il faut ajouter Facebook dans les listes blanches - ou de nous convaincre qu'il vaut mieux le laisser bloqué.
- Bloquer ?
- Facebook est un outil de réseau, dont on a du mal à contrôler les limites. On ne peut donc contrôler ce qu'un élève à l'intérieur de l'établissement va voir, qui il va contacter sur Fbk. imaginez : ...
Non, forcément, cette peur ancestrale du gamin qui est enlevé par un horrible monsieur vicieux n'a rien à voir avec Fbk. N'empêche : c'est un argument utilisé, et il fait peur.
(je rajouterai des arguments contre quand j'en recevrai d'autres)
- Autoriser ?
- De toutes façons ils y ont accès à la maison, et depuis leur téléphone. Bloquer, c'est une illusion.
- Fbk est un outil de communication auquel il faut éduquer. Michel Lévêque me dit fort justement :
"Autoriser, car je ne vois pas pourquoi interdire: à chaque responsable de salle de gérer l'utilisation que font les élèves de l'informatique.- Il y a des usages pédagogiques de Facebook ! Voir plus loin.
Utiliser, je suis moins convaincu, sinon dans une éducation aux médias: faire notamment travailler sur les paramètres de facebook, les tensions entre vie privée et vie communautaire."
(je rajouterai des arguments contre quand j'en recevrai d'autres)
2- Utiliser (ou pas) Facebook à l'école ?
- Utilisons !!!
- Faire la promotion de son école : dans ces temps de carte scolaire assouplie, il va falloir convaincre les parents que les enfants sont là mieux qu'ailleurs ! C'est une interface aussi valable et plus souple qu'un site internet, non ?
- Prolonger l'école hors l'école, faire contact avec les familles : annoncer les événements, favoriser le dialogue autour de l'école (ça éviterait peut-être de voir débouler des gens très énervés et prêts à cogner le personnel éducatif ?), faire des enquêtes, rassurer aussi bref, créer une communauté éducative, ce que le site internet classique ne parvient pas vraiment à faire (on peut y arriver avec d'autres outils : le ning par exemple)
- Fédérer les élèves autour d'un projet de classe.
J'ai découvert une page Facebook autour de la filière littéraire dans le secondaire. J'imagine que ce professeur de Français n'est pas le seul à avoir eu cette idée. Les lycéens y témoignent de leurs doutes, de leurs enthousiasmes et de leurs questionnements. Les anciens élèves témoignent de leur parcours après avoir emprunté la filière littéraire au lycée, ce qui est de nature à rassurer les actuels bacheliers littéraires et donne une image très positive de cette formation souvent jugée "improductive", et aussi à valoriser la littérature et la lecture.
Ce seul exemple me convainc.
- Facebook pour la classe, ça va pas la tête ?
J'en vois déjà qui tiquent avec le rapport d'autorité mais je n'y peux rien, il existe. Je les note, déjà. Et puis dans leur tête je suis l'ordre et la loi, y'a qu'à voir comment ils cherchent la limite pour se convaincre ;-). Bref, dans la société telle qu'elle est, je suis avec eux dans un rapport d'autorité qui me pose un autre problème sur Facebook : dois-je entrer dans le style de communication que facilite Facebook, comme : regarder qui sort avec qui, qui boit, qui fume, qui était bourré à la dernière fête, dois-je renvoyer les coeurs que m'envoie Marlène ou l'apéro envoyé par Kévin ? Commenter les statuts du genre "je suis larguée je suis triiiiiste" ou "Mme Machin est une salope" ? Regarder les vidéos montrant Mickaël (j'ai changé le prénom) jouant avec son sexe (sous son caleçon) devant la caméra ? Comment réagir à Alicia qui tient des propos racistes ?
Quelles conséquences mon entrée dans la vie privée de mes élèves peut-elle avoir sur eux ? Je me souviens d'un prof qui avait entamé avec moi des relations privées (et non sexuelles, ni amoureuses). J'avais 18 ans, et ces simples conversations m'avaient bouleversées et psychologiquement abîmée.
Et puis ... ma vie privée à moi ? Qu'est-ce que je dois/peux laisser filtrer que mes élèves puissent voir ?
Bref, je m'interroge sur les postures à adopter dans cette entrée dissymétrique dans la vie privée de mes élèves.
Alors, Facebook à l'école ? Dans l'état actuel de ma réflexion je dis oui, ouvrons, utilisons, formons. Et vous ?
6 commentaires:
J'utilise beaucoup mon blog dans mes classes, notamment pour proposer des activités dynamiques
(ex: http://www.geombre.com/categorie-1265279.html )
je le fais notamment pour ordonner un peu des ensembles vagues et non hiérarchisés dans lesquels les élèves se perdent, et pour rajouter ce contexte indispensable sans lequel les mots sont trop valables pour tous, pour pouvoir dire quelque chose à chacun.
Je ne pense pas que Facebook puisse participer à cette mise en contexte, tout au contraire.
Excellent outil pour le "tout seul" il devient contre productif pour le "géré dans un parcours"
Par contre Twitter avec une (ou des) autres classe pendant une séance de statistiques par exemple, pour mettre les données de synthèse en commun et parvenir à des valeurs limites plus facilement
...
ça oui.
Je lis tes questions...mais je n'en vois aucune des eleves...c'est peut etre ca le fond de la problematique
L'article est intéressant, et votre argumentaire me semble pertinent, mais il manque à mon avis une ou deux questions concernant ce qu'est facebook et ce que sont les réseaux sociaux.
Je serais en ce qui me concerne, opposé à un usage institutionnel de facebook, parce que ce n'est pas la mission d'un service public d'enseignement de faire la publicité d'un service commercial. À mon avis le travail qui peut être fait se doit d'être générique et replacer facebook dans son contexte : l'une des entreprises proposant des services du Web 2.0 et qui, à ce titre, répond aux mêmes types business plans que les autres entreprises du Web 2.0 (cf. l'article de Xavier Wauthy).
Institutionnaliser facebook, c'est en forçant un peu le trait, institutionnaliser une addresse mail msn.net et ne répondre qu'aux élèves qui passent par ce fournisseur.
Attention, je ne dis pas qu'il faut interdire facebook ou faire comme s'il n'existait pas. Mais je suis quelque peu froissé à l'idée que des élèves s'inscrivent sur facebook (ou une autre plateforme commerciale) dans le cadre de l'école. Cependant facebook a sa place dans l'enseignement à condition que ce soit pour y porter un regard critique (mais pas seulement facebook, twitter, last.fm, livejournal, wikipedia ou même piratebay, par exemple) : les modèles de la gratuité (et du coup expliquer un peu ces multiples applications facebook dont l'un des buts est d'attirer un maximum de monde devant des bannières publicitaires), la protection de la vie privée, la gestion des droits , etc. Et dans ce contexte facebook doit être un exemple parmi d'autres et un prétexte pour parler par exemple du logiciel libre, de sa philosophie (cf. présentation de Serge Soudoplatoff, dont je ne partage pas forcément tous les points de vue, mais dont la présentation est très intéressante) et de ces géants de la centralisation : dont blogger.com est un exemple parmi d'autres, en ce sens qu'il faut un compte gmail pour pouvoir commenter un article...
Sans vouloir passer pour un intégriste, les outils utilisés en classe devraient être avant tout des outils libres (gratuit n'étant pas un synonyme de libre).
J'imagine que mon témoignage n'aide pas forcément dans le sens où il sort peut-être du contexte de ce qui est faisable dans le cadre d'un cours de français, par exemple. Mais ce sont pour moi des problématiques cruciales dans la formation de citoyens dans une société de l'information.
@Mathieu: "Je serais en ce qui me concerne, opposé à un usage institutionnel de facebook, parce que ce n'est pas la mission d'un service public d'enseignement de faire la publicité d'un service commercial." Ce lancinant argument et toujours étonnant d'angélisme: les manuels Hachette, les Tableaux X et les plumes Sergent Major... tout est commercial dans les outils pédagogiques... Et le regard critique et distancié sur les outils, très bien... mais leur puissance pédagogique n'est pas là et c'est celle-là qui intéresse CJS... "Le Libre"? C'est bien ce type de "liberté" qui à des airs d'enfermement ;-)
@champavert : un peu sophistique comme contre-argumentaire. Je dis que je suis dérangé par l'idée de faire s'inscrire à facebook des élèves dans le cadre de la classe et vous me rétorquer que l'argument est mauvais car il y a des manuels hachette... Je suis pas plus pour l'ouverture des écoles à Jean-Luc Lagardère qu'à Bill Gates ou son successeur (MS est propriétaire d'une partie de facebook et donc des informations de facebook...). Sans compter que les réserves sur la revente d'information par facebook me semblent constituer une raison suffisante de ne pas pousser les élèves à s'y inscrire dans le cadre de l'école (http://fr.wikipedia.org/wiki/Facebook). Je ne parle pas de dissuader les élèves, mais de leur donner les clefs pour prendre leur décision à titre privé et pour utiliser le service à bon escient ensuite, en sachant gérer des droits d'accès.
Enfin, les enseignants ne sont pas nécessairement maitres des accords passés par l'éducation nationale, cependant ils sont maitres de leurs initiatives personnelles.
Quant à la puissance pédagogique de facebook et des outils propriétaires, je me permets de ne pas être convaincu par l'argument :
"mais leur puissance pédagogique n'est pas là"
elle n'est pas où ?
Quelle application pédagogique est permise par Windows et qui ne peut pas être obtenue par Linux ?
Quelles sont les fonctionnalités de facebook qui sont pertinentes et qui n'existent pas dans des systèmes de forum open source comme :
http://www.phpbb.com/support/tutorials/3.0/
ou http://www.phorum.org/support.php
(en plus le truc cool avec la liberté du libre, c'est que s'il manque des fonctionnalités et ben on peut les développer, ou même demander à des gens de les développer).
Alors je vous concède que des services privés aux mains de grandes multinationales (bouh caca) sont souvent plus accessibles à monsieur tout le monde que certaines solutions libres (qui sont pourtant de plus en plus nombreuses et accessibles). Et on ne peut pas demander à tous les enseignants d'être des spécialistes de l'informatique. Cependant, je suis probablement écoeurant de naïveté, mais je me disais que l'objectif de l'enseignement c'était de faire que monsieur tout le monde ait l'avis le plus éclairé possible sur les problèmes qu'il aura à affronter.
Et il y a fort à parier que si vous aviez été formé au libre pendant votre scolarité (pas seulement au libre, mais aussi), vous n'auriez pas un avis si tranché sur la "puissance pédagogique" de tout un pan de la production logicielle.
Enfin, encore une fois, mon avis n'engage que moi, et je m'efforce juste de donner quelques arguments. Mon objectif n'est en aucun cas de dissuader CJS d'utiliser Facebook. Et si en tant qu'informaticien je tendrai à me tourner vers du libre, on n'en a pas toujours le temps. J'espère juste que CJS pourra présenter cet outil dans son contexte à ses élèves.
Pour le "potentiel des nouveaux outils" je crois qu'il y aura un moment, clé qui s'approche, celui d'une époque où les enfants auront connu ce "formidable potentiel" qui brille si fort dans les yeux de ceux devant qui il semble être apparu.
Eux seront habitué, et verront des nuances fines à nous inconnues.
Ils verront en particulier, pour un certain nombre d'entre eux ceux qui est contrainte - et que nous nommons interactivité - et que qui est froid - et qui nous émerveille du fait de la prouesse technique mobilisée pour, par exemple, imiter le réel. (voir le vieillissement accéléré des effets spéciaux)
A partir de ce moment,
comme il y a 50 ans pour la télévision scolaire
on pourra commencer à intégrer ces outils sans avoir l'esprit faussé comme(années 60-70) dans l'achat du "train électrique" par le père, à Noël.
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