lundi 25 août 2014

Résultats d'enquête "tablettes à l'école" 1/5 : les dispositifs matériels

Chose promise, chose dûe. J'ai demandé il y a quelques mois des volontaires pour répondre à mon enquêtes sur les usages des tablettes à l'école. Vous êtes une vingtaine à avoir accepté de participer à un entretien d'une petite heure et c'était passionnant. J'ai découvert des enseignants investis, passionnés, toujours en recherche du mieux pour les élèves. Et j'ai été effrayée de découvrir combien les conditions étaient difficiles pour enseigner avec des tablettes. Enseigner avec le numérique, c’est déjà compliqué : c’est intégrer dans un écosystème déjà riche de personnalités diverses, de conditions matérielles éclectiques, de contenus scientifiques parfois costaud, de points de didactiques délicats, un matériel qui marche parfois très bien (!!!) et une ouverture sur l’extérieur qui fait peur. Mais les tablettes… C’est plutôt une affaire de profs motivés ! Allez, je vous raconte ce que j'ai appris, avec l'idée d'en tirer quelques leçons sur les différentes façons d'intégrer les tablettes dans la classe.

Ce premier billet présente les différents dispositifs "tablettes" que j'ai rencontrés. Je raconterai dans un autre billet la façon dont les enseignants intègrent les tablettes dans leur dispositif d'enseignement. Je pense qu'il faut aussi raconter les difficultés qu'on rencontrées les enseignants et la façon dont ils ont surmonté les difficultés. Je terminerai par un bilan des besoins des enseignants et des préconisations de choix et d'organisation des tablettes.

Combien de tablettes ? 
Dans les classes, les dispositifs vont de une tablette pour le prof ou pour la classe à une tablette par élève.
  •  La tablette de l'enseignant, qu'il transporte avec lui entre ses classes, voire entre ses établissements (oui oui, il y a de plus en plus d'enseignants sur plusieurs établissements, de plus en plus de TZR, tout ces trucs hyper pratiques pour construire des projets, des pratiques de classe tout ça). 
  • La tablette de la classe, dont les élèves s'emparent plus ou moins régulièrement, que l'enseignant a gagnée, que l'école a achetée, qu'un parent a donnée...
  • Quelques tablettes obtenues, achetées, prêtées, d'OS parfois différents (la palme revient au collègue qui a deux Ipad, quelques tablettes windows, quelques Kindle Fire et des ipod touch). 
  • Une malette de 12, 15, 18 ou 20 tablettes soit une tablette pour deux, stockées dans un endroit qui permet théoriquement à chacun d'y accéder : la salle des maîtres, le CDI
  • une tablette par élève en classe, souvent dans deux mallettes très lourdes qu'il faut transporter entre son lieu de stockage et la classe.
  • une tablette qui est donnée pour l'année à chaque élève (merci le conseil général).

Et la connexion ? 
Les tablettes sont utilisées en classe comme des outils de création de contenus (photos, vidéos, texte, livres...) mais aussi de consultation. La connexion est donc importante. Souvent, les mallettes de tablettes sont donc accompagnées d'une borne wifi, parfois d'un ordinateur. Parfois, la salle de classe est équipée plus ou moins officiellement d'un wifi qui permet aux tablettes de se connecter. Mais il arrive aussi trop souvent que la direction de l'établissement interdise le wifi, ce qui rend un peu compliquée l'utilisation des tablettes. Mais pas impossible, remarquez bien, j’ai rencontré des débrouillards de chez débrouillards qui faisaient des merveilles : utiliser son téléphone personnel comme une antenne wifi lorsque son abonnement le permet, imaginer une utilisation déconnectée en classe, quitte à amener les tablettes chez lui pour trouver une connexion, ou monter un réseau inter-tablettes assez hallucinant d’inventivité (j’en parle dans le billet suivant).

Par ailleurs, les tablettes sont souvent connectées au vidéo projecteur soit directement par un cable (ce qui limite la mobilité) soit par bluetooth, soit via l'ordinateur. Ou alors pas du tout. Je n'ai pas rencontré d'enseignant utilisant une piratebox (un dispositif qui fait serveur et réseau wifi au sein de la classe) mais ça doit exister… 

Où trouver ce matériel ? 
L'origine du matériel n'est pas plus homogène que le reste. Si l'éducation nationale était nationale, ça se saurait. Chacun (qui est du métier) sait que le matériel est à la charge des collectivités. Parfois donc les tablettes sont fournies par le conseil général ou la région à chaque élève sans qu'aucun prof n'ait rien à demander ni rien à choisir d'ailleurs. Ailleurs, il faut répondre à un appel à projet de la collectivité, choisir son matériel et l'organisation du dispositif. Les CRDP (pardon : Canopée) prêtent aussi du matériel pour une période de 7 semaines en général, entre deux vacances. Certains établissements financent également les tablettes sur fond propre. Enfin, certains collègues dégourdis ont réussi à se faire prêter des tablettes par un établissement voisin qui ne savait pas quoi en faire (si si ça existe).


Les tablettes semblent être le dernier cri en matière d’équipement numérique des établissements scolaires. C’est en tout cas l’équipement le plus médiatique. Mais le passage de l’objet tablette dans les pratiques des enseignants et dans les mains des élèves est loin d’être facile. Je vous raconte ça dans un autre billet. 

1 commentaire:

Serge Pouts-Lajus a dit…

Vivement l'autre billet, ça démarre vraiment bien.