mardi 26 août 2014

Ludovia #11 ou la salade de fruits du numérique

J'ai retrouvé Ludovia (après une pause pouponnage) avec un plaisir décuplé. D'abord parce que c'est l'été et que ça, en août 2014, c'est grand luxe. Mais pas que...


Je viens à Ludovia depuis au moins 5 ans, et même si j'ai adoré le mélange des publics, l'ambiance festive, l'accueil des Aurélies, de Laurence et autres membres de l'équipe menée par Eric Fourcaud (c'est le côté sucré et coloré de ma salade de fruit), je dois avouer que j'étais un peu lassée des tables-rondes interminables et pontifiantes, des conférences sous un chapiteau inconfortable et des barcamp aux assistances passives.
Mais Ludovia 2014 (On dit Ludovia #11, parce que c'est la 11ème édition) m'a reconquise. Comme la table-ronde inaugurale ne le laissait pas deviner, Ludovia a changé de formule pour aller vers la simplicité : plus de biathlon numérique, plus d'activité ludique, je pourrais râler (j'avais adoré la balade à cheval en 2012 et le trail de montagne en 2011 !) mais j'ai le temps de papoter avec Laurence Juin, François Jourde, Bruno Devauchelle, Pascal Nodenot, Virginie Paillas, Christophe Batier, Lyonel Kaufmann, Jean-François Cerisier entre autres co-colloqueurs. Et je ne connais pas d'autre colloque où j'ai l'impression d'être la meilleure pote de ces gens-là tout en discutant de ressources numériques, de mobilité, d'équipement numérique et de pédagogie. C'est bon pour l'ego, c'est moi qui vous le dis !

Hier soir, le débat animé par Bruno Devauchelle était tout à fait dans cette veine. Une ouverture théâtralisée a permis de lancer une analyse croisée du travail de Bibliothèque sans Frontière pour adapter à la francophonie le travail de la Khan Akademy. Jean-François Cerisier pour un éclairage centré sur les usages du numérique dans le champ éducatif, Dominique Cardon pour les aspects plus informatiques et Jean-Mars Merriaux pour les aspects éditoriaux. Un compte-rendu est en cours, je ne vous en dis pas plus, mais la discussion a fait émerger des éléments d'analyse des outils destinés à l'éducation vraiment pertinents.

J'ai eu un peu peur ce matin en constatant que la table-ronde avait repris sa forme conventionnelle, quoi que moins surpeuplée que les années précédentes. Est-ce parce que le chapiteau est moins confortable que l'amphi du Casino ? En tout cas une véritable discussion a remplacé la traditionnelle succession des présentations. Un enseignant du premier degré, une enseignante-chercheuse à l’Université Autonome de Mexico, Alain Thillay pour la DNE, Jennifer Elbaz de la société BrainPop et une représentante du Groupe EDITIS ont donc parlé ressources, accès aux ressources, production de ressources, modification de ressources, rôle des ressources numériques ... jusqu'à la n-ième présentation d'Eduthèque qui m'a fait lâcher l'affaire.

Bien m'en a pris. J'ai pu trouver un siège devant la table surpeuplée de François Jourde lors de l'explorcamp. C'est qu'il présentait son travail formidable sur le manuel augmenté. Il utilise Aurasma (gratuit et sur demande une licence premium pour les enseignants) pour ajouter à son manuel de philo des ressources complémentaires conçues par lui ou par ses élèves. Concrètement, ses élèves ouvrent l'application Aurasma pour scanner une page du manuel, et voient apparaître à certains endroits de la page des vidéos, des images, des icônes qui déclenchent des vidéos ou mènent sur des liens extérieurs, sites ou quizz. Ce qu'il a montré sur le manuel peut être fait avec des copies, la salle de classe ou n'importe quelle partie du monde réel, le tout avec une apparente facilité. Je suis impatiente de tester, et pour en savoir plus c'est ici.


J'ai vu aussi plusieurs enseignants montrer comment ils créent les capsules qu'ils utilisent en classe inversée, avec des Tellagami ou des vidéos créées avec Adobe Voice. Parmi eux, la charmante Marie Soulié.
Une collègue prof doc a enfin attiré mon attention avec la création d'une application de bibliothèque virtuelle au lycée, conçue avec AppYet.

Bon je vous laisse, j'ai un autre Explorcamp à écouter avant le barcamp de @frompennylane et @Batier.

lundi 25 août 2014

Résultats d'enquête "tablettes à l'école" 1/5 : les dispositifs matériels

Chose promise, chose dûe. J'ai demandé il y a quelques mois des volontaires pour répondre à mon enquêtes sur les usages des tablettes à l'école. Vous êtes une vingtaine à avoir accepté de participer à un entretien d'une petite heure et c'était passionnant. J'ai découvert des enseignants investis, passionnés, toujours en recherche du mieux pour les élèves. Et j'ai été effrayée de découvrir combien les conditions étaient difficiles pour enseigner avec des tablettes. Enseigner avec le numérique, c’est déjà compliqué : c’est intégrer dans un écosystème déjà riche de personnalités diverses, de conditions matérielles éclectiques, de contenus scientifiques parfois costaud, de points de didactiques délicats, un matériel qui marche parfois très bien (!!!) et une ouverture sur l’extérieur qui fait peur. Mais les tablettes… C’est plutôt une affaire de profs motivés ! Allez, je vous raconte ce que j'ai appris, avec l'idée d'en tirer quelques leçons sur les différentes façons d'intégrer les tablettes dans la classe.

Ce premier billet présente les différents dispositifs "tablettes" que j'ai rencontrés. Je raconterai dans un autre billet la façon dont les enseignants intègrent les tablettes dans leur dispositif d'enseignement. Je pense qu'il faut aussi raconter les difficultés qu'on rencontrées les enseignants et la façon dont ils ont surmonté les difficultés. Je terminerai par un bilan des besoins des enseignants et des préconisations de choix et d'organisation des tablettes.

Combien de tablettes ? 
Dans les classes, les dispositifs vont de une tablette pour le prof ou pour la classe à une tablette par élève.
  •  La tablette de l'enseignant, qu'il transporte avec lui entre ses classes, voire entre ses établissements (oui oui, il y a de plus en plus d'enseignants sur plusieurs établissements, de plus en plus de TZR, tout ces trucs hyper pratiques pour construire des projets, des pratiques de classe tout ça). 
  • La tablette de la classe, dont les élèves s'emparent plus ou moins régulièrement, que l'enseignant a gagnée, que l'école a achetée, qu'un parent a donnée...
  • Quelques tablettes obtenues, achetées, prêtées, d'OS parfois différents (la palme revient au collègue qui a deux Ipad, quelques tablettes windows, quelques Kindle Fire et des ipod touch). 
  • Une malette de 12, 15, 18 ou 20 tablettes soit une tablette pour deux, stockées dans un endroit qui permet théoriquement à chacun d'y accéder : la salle des maîtres, le CDI
  • une tablette par élève en classe, souvent dans deux mallettes très lourdes qu'il faut transporter entre son lieu de stockage et la classe.
  • une tablette qui est donnée pour l'année à chaque élève (merci le conseil général).

Et la connexion ? 
Les tablettes sont utilisées en classe comme des outils de création de contenus (photos, vidéos, texte, livres...) mais aussi de consultation. La connexion est donc importante. Souvent, les mallettes de tablettes sont donc accompagnées d'une borne wifi, parfois d'un ordinateur. Parfois, la salle de classe est équipée plus ou moins officiellement d'un wifi qui permet aux tablettes de se connecter. Mais il arrive aussi trop souvent que la direction de l'établissement interdise le wifi, ce qui rend un peu compliquée l'utilisation des tablettes. Mais pas impossible, remarquez bien, j’ai rencontré des débrouillards de chez débrouillards qui faisaient des merveilles : utiliser son téléphone personnel comme une antenne wifi lorsque son abonnement le permet, imaginer une utilisation déconnectée en classe, quitte à amener les tablettes chez lui pour trouver une connexion, ou monter un réseau inter-tablettes assez hallucinant d’inventivité (j’en parle dans le billet suivant).

Par ailleurs, les tablettes sont souvent connectées au vidéo projecteur soit directement par un cable (ce qui limite la mobilité) soit par bluetooth, soit via l'ordinateur. Ou alors pas du tout. Je n'ai pas rencontré d'enseignant utilisant une piratebox (un dispositif qui fait serveur et réseau wifi au sein de la classe) mais ça doit exister… 

Où trouver ce matériel ? 
L'origine du matériel n'est pas plus homogène que le reste. Si l'éducation nationale était nationale, ça se saurait. Chacun (qui est du métier) sait que le matériel est à la charge des collectivités. Parfois donc les tablettes sont fournies par le conseil général ou la région à chaque élève sans qu'aucun prof n'ait rien à demander ni rien à choisir d'ailleurs. Ailleurs, il faut répondre à un appel à projet de la collectivité, choisir son matériel et l'organisation du dispositif. Les CRDP (pardon : Canopée) prêtent aussi du matériel pour une période de 7 semaines en général, entre deux vacances. Certains établissements financent également les tablettes sur fond propre. Enfin, certains collègues dégourdis ont réussi à se faire prêter des tablettes par un établissement voisin qui ne savait pas quoi en faire (si si ça existe).


Les tablettes semblent être le dernier cri en matière d’équipement numérique des établissements scolaires. C’est en tout cas l’équipement le plus médiatique. Mais le passage de l’objet tablette dans les pratiques des enseignants et dans les mains des élèves est loin d’être facile. Je vous raconte ça dans un autre billet.